Un thriller politique de bureau avec le plus célèbre des moustachus français (après Astérix) qui cherche à comprendre les liens qui unissent les lobbies du tabac et les dirigeants du Parlement européen.
En 2013, le Parlement européen vote une série de mesures visant à limiter l’attractivité du tabac, l’intrigue du film est lancée lorsque l’on remonte le temps d’une année. C’est le premier jour de stage de Clémence aux côtés des assistants parlementaires de José Bové et un opposant politique John Dalli est viré manu militari suite à des soupçons de corruption. S’intéressant de cette procédure expresse, l’eurodéputé anti-OGM cherche à comprendre pourquoi la procédure standard n’a pas été appliquée. Plus l’affaire va s’ébruiter, plus les détails vont se faire rares, et plus les bouches vont se fermer. Cependant, de coïncidences étranges en suspicion de magouille, la fine équipe va aller toujours plus loin dans sa petite enquête. Au final, on se rendra compte que le droit n‘est pas appliqué partout comme il le devrait au sein de nos institutions dirigeantes, que les Big Tobacco ont les mains bien sales (que ce soit en raison de leur large apport au marché noir de cigarettes ou bien encore dans les malversations et tentatives de corruption) et que l’autorité autifraude est elle–même corrompue. Un vaste programme !
Tabac es-tu là ?
Pour tout vous dire, on est allé voir ce film un peu par hasard. Avec la séquence d’introduction, on a vite compris qu’il s’agissait d’un film qui s’inscrivait dans nos thématiques. On voudrait souligner le travail de médiation en santé qu’ont fait les scénaristes. Grâce à l’intervention de différents organismes tels que des commerciaux de Big Tobacco ou encore de certaines ONG anti-tabac, le film se permet d’apporter un supplément théorique bienvenu pour la compréhension des enjeux.
Le film rapporte par exemple que commencer avant 25 ans, c’est 90% de risques de ne jamais réussir à arrêter. Que le snus est aussi addictif que la cigarette et qu’arrêter demande tout autant de volonté. Que les Big Tobacco innondent le marché noir de cigarettes en prétandant lutter main dans la main contre les contrefaçons. Rien de nouveau sous le soleil pour quelqu’un qui se serait renseigné sur le sujet (ou aurait lu « Pourquoi fumer c’est de droite » ou consulté nos deux campagnes du Mois sans tabac) mais qu’on trouve courageusement bien placé dans un film tout public. Que le manque à gagner de telles puissances économiques pèse dans la manière dont les États et institutions fonctionnent. C’est vraiment révoltant à défaut d’être très surprenant.
Chouette à voir
Le film se regarde agréablement et c’est grâce à une narration claire et des raccourcis évidents qui ont été mis en place pour faciliter la compréhension d’une enquête réalisée par des employés de bureau sur plusieurs années. Si l’intrigue se déroule entre 2012 et 2013, elle n’en reste pas moins très contemporaine avec notamment plusieurs mentions faites du snus, ce produit nicotiné venu de Suède apparu l’année dernière par chez nous pour essayer de séduire toute une nouvelle génération de potentiels futurs fumeurs.
Les acteurs et actrices sont chouettes à voir : Bouli Lanners incarne un José Bové qu’on voudrait pour tonton, un mec réglo et droit dans ses bottes. Thomas VDB campe un assistant parlementaire un peu blasé mais pas usé (et accessoirement éconduit par son ex avec laquelle il entretient une relation d’amitié qui fait plaisir à voir). Celeste Brunnquell, révélée en jeune nageuse dans la série En thérapie, brille par sa gouaille, la volonté de son personnage à changer le monde et sa diction si particulière. On aime aussi la portée internationale du film dans lequel beaucoup de dialogues sont en allemand ou en anglais (ou autre) à grand renfort de sous-titrage. C’est plaisant de voir qu’on ne prend pas le spectateur pour un idiot.
« Une affaire de principes » est un film franco-belge d’une durée de 95 minutes réalisé par Antoine Raimbault sorti en 2024, avec Bouli Lanners, Thomas VDB et Céleste Brunnquell. On ne peut que vous le conseiller, nous ça nous a donné envie de lire le bouquin.