Les licences d’alcool en France forment un cocktail explosif entre politique et santé. Depuis le Second Empire, ces règles visent à dompter l’alcoolisme et à juguler les velléités révolutionnaires. Du régime de Vichy à la Ve République, on a perpétué cette tradition de contrôle des débits de boisson à des fins sanitaires, sociales et politiques.
Ah, les licences d’alcool en France ! Un cocktail qui mélange histoire, politique, santé et, bien sûr, des fêtes mémorables (quoi que)… Alors que l’histoire de ces licences remonte au Second Empire, où l’alcoolisme faisait rage parmi la classe ouvrière en quête d’échappatoire aux affres du capitalisme, la régulation de la vente d’alcool avait pour but de sauver les foies, mais aussi (et surtout) l’Empire ! L’instauration des licences d’alcool visait en effet à réguler deux problèmes majeurs : tout d’abord, l’alcoolisme qui était devenu un fléau parmi la classe ouvrière émergente, soumise à la violence et à la précarité d’un capitalisme naissant. La régulation de la vente d’alcool avait pour objectif de contenir cette menace sociale et sanitaire croissante. La deuxième raison d’exister de ces licences, moins connue, est qu’elles servaient à contrôler les lieux de rassemblement, tels que les tavernes et les bars, considérés comme des foyers potentiels de révolution, comme le fut la Commune de Paris. Merci, Napoléon III, d’avoir pensé à notre santé et à la stabilité politique en même temps (HAHA) !
Alors que Vichy a repris le flambeau (ou plutôt, le verre) pour les mêmes raisons, De Gaulle, dans un moment de clarté post-Seconde Guerre mondiale, a perpétué cette tradition dans la Cinquième République. On peut presque imaginer le Général disant : « Un verre de vin pour la santé de la nation, mais pas trop, sinon on risque une révolution à la française ! »
Aujourd’hui, même si les licences ne sont plus délivrées comme des tickets de boisson d’or, elles conservent un rôle crucial dans la prévention des « excès ».
Parlons-en tiens, de ces excès. En Europe (et un peu partout dans le monde), on mesure en « unité d’alcool », mais ça vous le saviez sûrement parce que vous nous lisez fidèlement. En France, un verre standard, acheté dans un débit de boisson (un bar quoi), contient environ une unité d’alcool. Ok. Mais, l’unité d’alcool, c’est comme le nombre de bises en France, ça varie selon les régions. Les directives nationales tentent de définir cette unité, mais chaque pays a sa propre recette. C’est là que ça devient intéressant. En France, elle est de 10 grammes d’alcool pur, alors qu’elle est de 10 millilitres au Royaume-Uni (soit 8 grammes d’alcool), et on considère qu’un adulte peut métaboliser environ 75% d’une unité française d’alcool en une heure (ou environ 95% d’une unité britannique). C’est comme si nos voisins britanniques avaient décidé de prendre leur thé un peu moins fort !
On va vous épargner la valse des différentes législations, mais imaginez-vous en train de faire une tournée des bars européens, essayant de calculer combien de verres vous pouvez prendre tout en respectant les normes de chaque pays. C’est un peu comme une version alcoolisée du Monopoly, mais avec des règles du jeu différentes à chaque case.
En fin de compte, malgré le cafouillage qui dure depuis 200 ans, les licences et les unités d’alcool ont démontré un certain intérêt pour la santé. Mais surtout, l’établissement d’un cadre légal quant à la consommation l’alcool démontre que, oui, on peut et on sait comment réguler la vente de produits psychoactifs dans un cadre légal adapté et en faveur de la santé des consommateurs. Si on peut mettre des limites au plaisir houblonné, pourquoi ne pas envisager d’appliquer ce cadre légal à d’autres produits interdits ? La régulation, c’est comme les cocktails bien dosés : ça peut être la clé du succès !
Pour aller plus loin :
– Le Cours de l’Histoire : Tournée générale ! Les heures heureuses des bistrots https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/tournee-generale-les-heures-heureuses-des-bistrots-1594659
– Laurent Bihl, Une histoire populaire des bistrots, Nouveau Monde, 2023
– Didier Nourrisson, L’Amérique en bouteille. Comment Coca-Cola a colonisé le monde, Vendémiaire, 2023
– Didier Nourrisson, Une histoire du vin, Perrin, 2017
– Didier Nourrisson, Crus et cuites, Histoire du buveur, Perrin, 2013