As-tu déjà entendu parler des cathinones ? Quand on parle de nouveaux produits de synthèse (NPS), cette catégorie revient souvent. On te donne ici quelques éléments de définition et des conseils pour réduire les risques que peut engendrer leur consommation.
Parmi la ribambelle de NPS (nouveaux produits de synthèse)/RC (Research Chemicals) qui ont émergé dans les années 2010, on en trouve une grande diversité réunie sous l’appellation « cathinones ». Ce nom leur vient du khat (Catha Edulis), une plante que l’on retrouve dans la corne ouest de l’Afrique et qui est connue pour ses effets stimulants, euphorisants, de renforcement de l’estime de soi et de l’empathie. Depuis des siècles, les habitants de ces régions en mâchent les feuilles pour leur effet légèrement stimulant. Il s’agit souvent d’une activité sociale, qu’on pourrait apparenter au fait de prendre le café ensemble dans d’autres sociétés.
3-MMC, méphédrone (meph), 4-MEC, MDPV, NRG-2, etc., sont des produits de synthèse dérivés de la molécule psychoactive de cette plante. On les appelle parfois « sels de bains ». Ce sont des stimulants qui imitent les amphétamines ou l’ecstasy/MDMA. Comme ces deux substances, les cathinones ont des propriétés empathogènes et entactogènes (elles augmentent la sensibilité et facilitent le contact).
On trouve les cathinones sous forme de poudre ou de cristaux dont la couleur peut varier entre blanc, jaune, légèrement rose ou brunâtre. La consommation se fait par sniff, slam (injection), parachute (enveloppée dans du papier) ou encore par voie rectale (plug).
Prudence et réduction des risques
À l’origine très majoritairement utilisées dans le chemsex (l’usage de produits dans le contexte sexuel), les cathinones connaissent un succès fulgurant et tendent à se généraliser dans tous les milieux, âges, orientations sexuelles ou de genres ou classes sociales. Les analyses régulièrement réalisées sur des échantillons recueillis par des usagers (dispositif Trend) montrent une grande variabilité de la concentration du produit, souvent coupé avec d’autres molécules, ce qui invite à la prudence et aux pratiques de réduction des risques.
Les principaux risques associés à l’usage prolongé et répété des cathinones sont un état de grande agitation qui peut durer plusieurs heures à plusieurs jours. Il se manifeste par de l’insomnie, de la confusion, des contractions musculaires et des tremblements, des attaques de panique prolongées, de la paranoïa et de l’agressivité envers les autres et soi-même.
Pour que tout se passe bien, quelques tips à observer si tu en consommes :
- Comme les concentrations et les molécules varient énormément d’un produit à l’autre et d’une poudre ou d’un cristal à l’autre : n’hésite pas à faire faire tester une toute petite quantité du produit (tu peux nous demander en DM, c’est anonyme et gratuit !).
- Fractionne tes prises et commence par une petite quantité, et attends que les effets s’estompent pour reprendre du produit. La perception du temps pouvant être altérée, pour limiter la quantité, note sur un papier ou dans ton téléphone les heures de prises (pour éviter d’en prendre plus d’une fois par heure, par exemple).
- Bois beaucoup et veille à t’alimenter régulièrement, malgré l’absence de sensation de faim. Des aliments sous forme liquide (boissons sucrées, jus de fruits) ou encore des bonbons peuvent être plus facilement consommés en cas de difficulté à mastiquer.
- Essaie d’avoir ton propre matériel de conso à usage unique : pailles, seringues, petit matériel d’injection, etc., pour réduire les risques de transmission du VIH et du virus de l’hépatite C. L’apprentissage des gestes d’injection est souvent un moment où le matériel est plus à risque d’être partagé.
- Le produit peut faire baisser la vigilance ou encourager des pratiques à risque de transmission du VIH, des IST et du virus de l’hépatite C. L’utilisation de préservatif sur le pénis et les jouets sexuels ou de gants à usage unique pour le fist-fucking est recommandée. La PrEP permet également d’éviter de contracter le VIH et un dépistage tous les six mois, et si possible tous les trois mois, pour le VIH et/ou les IST est fortement recommandé !
