Un montage maison avec des champignons tout mignons !
Un montage maison avec des champignons tout mignons !

Des champignons aux hallucinantes propriétés ?! 🍄

Publié le 11 novembre 2024 par Maxime

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Cet article parle de : #drogues-illegales #champignons

Connus depuis la nuit des temps ou presque, les champignons hallucinogènes sont en plein revival, aussi bien parmi les consommateurs récréatifs que dans le domaine de la recherche où ils révèlent de multiples potentialités thérapeutiques.

Petit état des lieux, d’après la thèse qu’Alice Dreyfus consacre à deux espèces spécifiques : l’Amanita muscaria, un champignon de l’ordre des Agaricales et de la famille des Amanitaceae, aussi appelé Fausse oronge, Amanite tue-mouches ou Agaric tue-mouches ; et les Psilocybe spp, des champignons de l’ordre des Agaricales et de la famille des Hymenogastraceae, dont les espèces sont connues pour leur capacité à produire des composés psychoactifs. 

 

Pratiques religieuses, rituels chamaniques, célébrations et fêtes ou utilisations thérapeutiques : qu’elles soient rituelles, spirituelles ou thérapeutiques, la consommation et l’utilisation de champignons hallucinogènes remontent à des millénaires dans de nombreuses cultures et régions du monde. En Europe, ils ont été utilisés dès le Moyen Âge. Considérées comme des moyens chimiques permettant d’accéder au « monde-autre », les substances hallucinogènes constituaient des remèdes essentiels dans la pharmacopée traditionnelle. En Amérique et au Mexique, il s’agissait principalement de psilocybes, tandis qu’en Sibérie et au Canada, l’Amanita muscaria était la plus consommée. Les champignons étaient alors généralement utilisés pour traiter l’anxiété, les rhumatismes ou comme analgésiques pour les maux de dents et d’estomac. 

Gelin_Mantarı_Sinek_mantarı_(Amanita_muscaria), Psilocybe_semilanceata_6514
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Usages récréatifs

Autrefois encadrée et faisant partie intégrante de la culture, la consommation de champignons hallucinogènes se développe depuis des années, essentiellement à des fins récréatives. Elle touche désormais des consommateurs d’âge, de milieux et d’horizons différents dont les pratiques de consommation répondent davantage à des préférences individuelles. « Leur accessibilité sur Internet et leur statut de substance naturelle contribuent à leur popularité. »

En France, les champignons sont les plus utilisés, mais on observe une diversification des espèces de champignons hallucinogènes consommés. En 2017, 5,3% des 18 à 64 ans (8,0% des hommes et 2,7% des femmes) en avaient déjà consommé au moins une fois dans leur vie. Ils seraient, après le cannabis, les produits illicites les plus expérimentés par les moins de 30 ans. « Les usagers cherchent à expérimenter de nouvelles substances et considèrent souvent que les drogues dites naturelles sont moins dangereuses que les drogues synthétiques. »

Mécanismes d’action

Comme de nombreuses drogues, les hallucinogènes font partie de la famille chimique des alcaloïdes. Après administration orale de psilocybine, la psilocine est retrouvée dans le plasma sanguin en 20 à 40 minutes, la concentration maximale étant atteinte 80 à 105 minutes après ingestion du champignon. La majorité de la substance (65%) est éliminée du corps par voie rénale, le reste par le foie et l’intestin (15-20 %) dans les trois heures suivant l’administration. Les hallucinations apparaissent après l’ingestion de 5 à 15 grammes de champignons.

Ces substances provoquent une augmentation des activités neuronales, qui entraîne d’une part une modification du traitement des informations dans le cerveau, et d’autre part, une modification du traitement des informations provenant du reste du corps et de l’environnement. L’effet hallucinogène serait lié à l’augmentation des activités neuronales excitatrices dans le cerveau.

Les signes et symptômes se manifestent généralement 20 à 30 minutes après l’ingestion et disparaissent complètement dans les douze heures suivantes.

Effets ressentis

À la fois physiques, sensoriels et émotionnels, les effets varient entre les individus et dépendent de la dose prise, de la réaction et de la sensibilité individuelle à la psilocybine, des expériences et du contexte de prise.

Les effets physiques sont les premiers à se manifester : augmentation de la fréquence cardiaque, changements de pression artérielle, dilatation des pupilles, piloérection, légère élévation de la température corporelle, congestion faciale, nausées, sécheresse de la bouche, augmentation de la diurèse (urines sécrétées par les reins, ndlr), asthénie et somnolence pouvant persister jusqu’à 24 heures. Une élévation des transaminases et des symptômes physiques prononcés comme des maux d’estomac sévères, des vomissements persistants ou des diarrhées ont été également rapportés.

Les effets sensoriels et émotionnels dépendent pour leur part de plusieurs facteurs, notamment de la dose ingérée, de l’état psychologique du sujet et de sa préparation aux effets. Les réflexes ostéotendineux (contraction involontaire d’un muscle, ndlr) sont souvent exagérés, l’équilibre et la coordination motrice sont affectés, les changements d’humeur pouvant être euphoriques ou dysphoriques (phases dépressives alternant avec des phases d’euphorie).

Généralement visuelles et très élaborées (phosphènes, kaléidoscopes, mosaïques…), les hallucinations peuvent aussi se manifester sous forme de distorsions auditives, tactiles, gustatives ou olfactives. « La perception des couleurs, du temps et de l’espace est perturbée et des phénomènes de synesthésie, où les couleurs semblent avoir une odeur, sont souvent rapportées. » Des sensations de transformation corporelle peuvent aussi survenir.

Des altérations sensorielles qui peuvent parfois être associées à de l’agitation, de l’anxiété, une perte de coordination, une modification de la perception du temps, des distances ou de la réalité voire une dépersonnalisation, un « bad trip » responsable de réactions de panique ou d’états proches de la psychose.

L’intoxication aux psilocybes provoque un syndrome appelé « narcotinien » ou « psilocybien », dont le traitement est purement symptomatique : repos, calme et présence d’une personne capable de rassurer le consommateur. En cas de forts symptômes d’anxiété, l’administration de benzodiazépines à courte durée d’action peut être envisagée.

Conséquences sanitaires et sociales

Selon l’auteure, les conséquences sanitaires et sociales de l’utilisation de substances naturelles hallucinogènes peuvent être classées en trois catégories principales :

🍄 Sanitaire, avec l’expérience du bad trip, « pouvant être associé à un contexte de prise inappropriée ou à un surdosage », qui se caractérise par un épisode d’angoisse profonde, généré par un délire psychotique transitoire, par un sentiment de lucidité extrême ou par une mauvaise réaction face à une situation inattendue. « Il est généralement résolu sans séquelles. » Veiller au dosage du produit, à consommer dans un contexte approprié, dans un lieu non confiné, avec des personnes de confiance et uniquement quand son état psychologique le permet sont autant de moyens de l’éviter.

🍄 Les accidents et risques d’accidents, « ainsi que la soumission involontaire pouvant être provoquée par la prise de ces substances ».

🍄 Et sociale, avec la modification du rapport à autrui et des effets principalement perçus comme positifs par les consommateurs (meilleure sociabilité, sérénité accrue, désinhibition persistante et plus grande capacité d’empathie).

Les premières recherches

Au XXe siècle, des travaux ont permis d’examiner, isoler et produire les différentes substances psychédéliques contenues dans ces champignons. Pendant les années 1950-1960, les molécules psychédéliques comme l’acide lysergique diéthylamide (LSD) ou la psilocybine n’étaient pas considérées comme des drogues illégales dans de nombreux pays, mais seuls les États-Unis manifestent à cette époque un réel intérêt pour leur potentiel thérapeutique.

En 1957, Heim envoie ainsi un lot de 100 grammes de champignons au chimiste suisse Albert Hofmann (connu pour sa découverte du LSD à partir de l’ergot de seigle) afin d’identifier les composants psychoactifs des champignons. Ce qu’il fit un an plus tard, en isolant la psilocine et la psilocybine et en identifiant leur structure chimique. En 1959, le laboratoire Sandoz commence à produire et à vendre de la psilocybine pure sous le nom de Indocybin® ou CY-39, en ampoules et comprimés de 2 mg et 5 mg. 

En 1960, deux psychologues de l’université de Harvard, Timothy Leary et Richard Alpert, entreprennent des recherches sur les effets des substances psychédéliques sur l’esprit humain, leurs relations avec le cerveau, le corps et l’environnement. Ils lancent « The Harvard Psilocybin Project », visant à déterminer les effets de la molécule après administration d’Indocybin® à 38 personnes bénévoles. En mesure de contrôler leur propre dose de substance, ingérée dans un environnement paisible, les participants devaient décrire en temps réel leur expérience psychédélique et la qualifier d’agréable ou non.

Un projet qui prit fin en 1962, quand plusieurs membres du corps professoral et des administrateurs de l’université d’Harvard furent alertés des expérimentations et observations sauvages menées par les deux collègues. 

Psychothérapies assistées

Ces premières recherches psychédéliques ont permis d’explorer deux types de psychothérapies assistées : la thérapie psychédélique, mettant en avant les expériences mystiques et leurs retombées psychologiques, et la thérapie psycholytique, explorant l’inconscient en synergie avec la thérapie psychanalytique.

Le premier modèle était utilisé chez des patients souffrant de troubles liés à l’usage de substances comme l’alcool et pour la réhabilitation de criminels, à l’aide de doses élevées de psychédéliques administrées en une ou quelques séances pour induire une expérience « mystique » et provoquer des changements durables dans les schémas habituels de pensées et de comportements.

Utilisé en association avec une thérapie psychanalytique, le second permettait de traiter des névroses, des troubles psychosomatiques et des troubles de l’anxiété en administrant des faibles doses de psychédéliques au cours de plusieurs séances répétées.

Mais face aux questions soulevées par le risque de « bad trips », la FDA (Food and Drug Administration) américaine finit par interdire toute recherche humaine avec les psychédéliques en 1968, et le CSA (Controlled Substances Act) toute forme de consommation deux ans plus tard, malgré les résultats très prometteurs de certains chercheurs.

Le renouveau psychédélique

Ce n’est qu’en 1992 que la FDA autorise la reprise de la recherche sur les psychédéliques avec des sujets humains. Les études sur la psilocybine reprennent, avec des résultats prometteurs dans le traitement de certaines pathologies psychiatriques et neurologiques, notamment l’anxiété et la dépression, mais aussi dans des troubles difficiles à traiter comme les algies vasculaires de la face ou les TOC. 

Anxiété de fin de vie et dépression liée au cancer

Différentes études menées dès 2004 ont permis de montrer la sûreté de l’utilisation de la psilocybine chez des patients atteints de cancer, sans effet indésirable grave pendant et après les administrations.  Au niveau psychologique, une amélioration significative de l’humeur dépressive jusqu’à 6 mois après l’administration, ainsi qu’une diminution significative de l’anxiété vis-à-vis de la fin de vie ont pu être observées. L’administration de psilocybine à faible ou forte dose, dans des conditions de soutien psychologique, entraînerait donc une diminution durable de l’humeur dépressive et de l’anxiété en phase sévère de cancer, mais comme le souligne l’auteure « des études plus larges et sur des échantillons plus importants sont toutefois nécessaires pour confirmer les effets ».

Dépressions réfractaires 

Plusieurs études menées depuis 2015 auprès de participants diagnostiqués avec un trouble dépressif majeur ou une dépression modérée à sévère résistants aux traitements classiques suggèrent que la psilocybine, à dose unique et modérée ou à plus forte dose, réduit significativement les symptômes dépressifs. D’autres essais sur échantillons plus importants et des périodes de suivi plus longues permettraient cependant d’optimiser davantage son potentiel thérapeutique.

Algies vasculaires de la face

Deux études en ligne réalisées auprès de personnes ayant consommé des psilocybes ou du LSD en « automédication » ont montré que les hallucinogènes avaient, selon les participants, une efficacité comparable, voire plus efficace, que les traitements conventionnels. Ils entraîneraient également un raccourcissement ou un arrêt de la douleur, ainsi qu’un allongement de la période de rémission. Des données qui renforcent la nécessité d’étudier davantage les effets de ces composés dans le traitement des douleurs, bien que ces études soient « basées sur des autodéclarations de patients ayant utilisé des substances non réglementées, ce qui soulève des préoccupations quant à la fiabilité des résultats ». 

Troubles obsessionnels compulsifs

D’autres études montrent que la psilocybine peut apporter un bénéfice aigu et transitoire chez des patients souffrant de TOC réfractaire. Une réduction significative des symptômes obsessionnels compulsifs bien que peu prolongée dans le temps. 

Dépendance à l’alcool

Quelques recherches se sont intéressées au rôle de la psilocybine dans la réduction de la consommation d’alcool, vous pouvez si vous le souhaitez visionner notre vidéo sur l‘évolution de la dépendance à l’alcool ainsi que sur le sevrage et ses complications potentielles.

Une étude transversale anonyme en ligne, menée d’octobre 2015 à août 2017 à l’université du Nouveau Mexique, auprès de 343 personnes ayant « surmonté leur dépendance à l’alcool ou aux drogues après avoir consommé des psychédéliques » a évalué rétrospectivement leur consommation d’alcool avant et après l’expérience psychédélique (« expérience psychédélique de référence ») à laquelle ils attribuaient l’arrêt ou la réduction de leur consommation.

Bien que la plupart des participants n’aient pas eu l’intention de modifier leur consommation d’alcool avec cette expérience, 28% ont rapporté que cela avait contribué à un changement de leurs valeurs ou de leurs priorités. Les participants ont noté des changements à long terme sur les désirs immédiats et une confiance accrue dans leur capacité à s’abstenir.

Si plus de la moitié de l’échantillon a signalé plusieurs symptômes de sevrage alcoolique (besoin impérieux, dépression, anxiété, irritabilité et agitation), un pourcentage significatif de participants (entre 37% et 69%) a déclaré que ces symptômes étaient « beaucoup moins graves » qu’au cours de leurs tentatives précédentes pour réduire leur consommation d’alcool.

Dans une autre étude, le taux de jours de forte consommation d’alcool et celui de consommation d’alcool ont, de même, nettement diminué après la première séance de psilocybine.

Des résultats qui indiquent que la plupart des participants ont considérablement réduit ou arrêté de boire de l’alcool depuis leur expérience psychédélique de référence ou leur traitement par la psilocybine, mais qui doivent cependant « être interprétés avec prudence, car dans la première étude, ils ont été collectés via une enquête en ligne, et ni les détails concernant l’expérience psychédélique de référence ni la véracité des informations sur la consommation d’alcool ne peuvent être vérifiés ».

Enfin, la thèse d’Alice Dreyfus aborde également de rares recherches sur l’utilisation thérapeutique du muscimol (principal alcaloïde psychoactif des amanites), dans le traitement de l’insomnie et comme analgésique, la maladie de Parkinson (suppression réversible du tremblement, sans influencer les mouvements et la parole des patients) ou l’épilepsie réfractaire aux traitements classiques.

Changer de cadre pour multiplier les recherches

Mais comme elle le souligne dans son chapitre « Législation », l’utilisation thérapeutique des champignons hallucinogènes soulève aujourd’hui « un certain nombre de défis juridiques, éthiques et réglementaires ». Interdisant l’acquisition, la détention, l’usage, la production, le transport ou la vente, la classification des psychédéliques comme stupéfiants rend en effet la recherche particulièrement difficile en France, où toute activité liée aux stupéfiants et aux psychotropes est interdite, sauf autorisation explicite du directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Exploiter pleinement le potentiel thérapeutique de ces classes de champignons nécessite donc de repenser les cadres juridiques.

« Les champignons hallucinogènes : usages récréatifs, usages anciens et potentialités thérapeutiques », thèse pour le diplôme d’État de docteur en pharmacie, Alice Dreyfus (2023)

 

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