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Photo de Mrigankaiyer, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Microdoser : solution miracle ?

Publié le 20 janvier 2023 par Lisa

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Cet article parle de : #drogues-illegales #lsd #sante

Le microdosage (ou microdosing dans la langue de Mr Bean) est à l’origine une technique d’étude du comportement des médicaments chez l’homme par l’administration de doses si faibles qu’elles sont peu susceptibles de produire des effets sur l’ensemble du corps, mais suffisamment élevées pour permettre l’étude de la réponse cellulaire.

Détournée de son application de recherche médicale, le microdosing consiste à ingérer une toute petite dose de produit psychoactif ​​– des psychédéliques, la plupart du temps – chaque jour sur une durée moyenne à longue (de quelques semaines à plusieurs mois). Cette dose réduite prise quotidiennement ne suffit pas à être défoncé, le but recherché est de « stimuler l’activité cérébrale ».

Cette pratique accentuerait la productivité et la créativité, tout en réduisant l’anxiété. Une pratique mise au goût du jour par les travaux du psychologue américain James Fadiman et son ouvrage Le guide de l’explorateur psychédélique : un voyage sans risque, thérapeutique et sacré, édité en 2012. Imaginez ! Soulager l’anxiété, guérir la dépression, l’alcoolisme, le stress post-traumatique, booster les capacités créatives, faire disparaître les angoisses et tout ça avec des cures de quelques milligrammes de psylocibine ? Derrière la façade séduisante d’une pratique qui se veut chamanique version Start-up Nation, le microdosing peut aussi représenter un véritable risque pour la santé mentale.

Le retour de la médecine psychédélique entraîne en France et ailleurs dans le monde des études et essais cliniques pour voir la psychiatrie autrement. Et c’est notamment le microdosage qui figure au-devant du plus d’articles consacrés à ce sujet ! Les résultats des études et le suivi scientifique du phénomène restent pour le moment mitigés. Par exemple, une étude de 2019 (« Psychedelic Microdosing Benefits and Challenges: an Empirical Codebook ») révèle que 26,6% des interrogés ont vu leur humeur s’améliorer avec le microdosage et 14% ont amélioré leur concentration. Cependant, 18% ont aussi senti l’inconfort physiologique et 6,7% ont vu leur anxiété partir en flèche.

Pour quels produits ?

D’autre part, les traitements anxiolytiques ou antidépresseurs sont à proscrire avec le microdosing, au risque de s’exposer à un syndrome sérotoninergique et des décompensations. Du coup, les capsules de champis dans le distributeur de la cantoche, c’est pas pour tout de suite.

Le microdosage se pratique aussi dans la consommation de RC/NPS (encore eux !). Et pour des raisons plus prosaïques : ces produits peuvent être si puissants qu’en consommer comme tu consommerais un autre produit dont tu as l’habitude pourrait te mettre une sacrée rouste. C’était notamment le cas avec les Ketosaurus-Rex, à l’époque où la méthoxétamine était beaucoup vendue en tant que kétamine en teuf et ailleurs. Des utilisateurs avérés et chevronnés arrivaient aux stands de RdR dans des états de panique intense avec la certitude que le produit consommé n’était pas celui voulu.

État de choc plus ou moins long, et difficulté à retourner dans la fête après un voyage trop long, trop fort, trop profond, trop intense ou traumatique. À titre d’exemple, le LSD-25 du professeur Hofmann est psychoactif dès 25 microgrammes ! C’est mille fois plus petit que des milligrammes ! Et ça, on le sait car il y a eu de longues études, des applications militaires, des labos, de l’auto-usage, etc. Pour micro-doser, il faut avoir toute sa tête, un tableau de proportionnalité pour pas se gourer, prendre des notes pour ne pas perdre le fil, et une balance ultra précise ! De l’ordre du milligramme !

Sans ça, tu peux envisager la dilution. Tu dilues une dose que tu es en capacité de mesurer dans une quantité d’eau que tu es capable de mesurer, puis tu fais le calcul pour savoir combien de millilitres de cette solution tu dois absorber pour avoir telle ou telle quantité de produit actif. En revanche, on précisera encore qu’il faut toute sa tête, et quand même beaucoup d’application, pour ne pas rater la manœuvre. Les Research Chemicals = l’inconnu ! (bon, y’en a des mieux connus que d’autres, mais gaffe à toi quand même).

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