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Petite histoire de l’héroïne : de la vente libre au changement de nom

Publié le 1 juin 2023 par Lisa

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L’héroïne a mauvaise presse et ses consommateurs sont souvent très stigmatisés. Mais savais-tu qu’avant d’acquérir sa réputation sulfureuse, elle était vendue librement en pharmacie ? Depuis, le marché a bien changé et a dû s’adapter. Petit historique.

L’héroïne est un opiacé synthétisé à partir de la morphine extraite du pavot, plus précisément le Papaver Somniferum (pavot somnifère). Il est utilisé en médecine traditionnelle comme remède contre l’asthme, le paludisme ou les ulcères par exemple. Les laboratoires s’en servent pour la fabrication de la morphine et de la codéine, dans la lutte contre la douleur.

L’héroïne se présente généralement sous forme de poudre blanche, rose, brune ou beige. L’héroïne blanche est très fine et légère. L’héroïne brune, aussi appelée « brown sugar », se présente sous forme d’une substance granuleuse brune ou grise. Une troisième sorte d’héroïne, « black tar », peut être collante comme du goudron liquide ou dure comme du charbon. Sa couleur peut varier du brun foncé au noir.

On compte un grand nombre de sobriquets : mauh, héro, came, meca, rabla, poudre, blanche, smack, brown sugar, black tar…

Elle est synthétisée en 1898 par l’entreprise pharmaceutique Bayer qui l’exploitera comme médicament pour différentes affections respiratoires (dont la tuberculose). Bayer dépose le nom « Heroin », du terme allemand Heroischhéroïque ») parce qu’on pensait qu’elle permettrait de soigner l’addiction à la morphine sans induire d’accoutumance (lol). À cette époque, la plupart des substances aujourd’hui connues comme addictives (opiacés, cocaïne, etc.) étaient en vente libre en pharmacie.

Classée stupéfiant en 1961

Dès 1918, l’héroïne devient un problème de santé publique en raison de sa popularité et de son mode de diffusion. Son usage médical est totalement interdit en 1956, et elle sera progressivement interdite, puis classée comme stupéfiant par la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 (qui porte principalement sur la coca, l’opium, le cannabis et leurs dérivés).

Quand une marque ou un produit a mauvaise réputation, pour se remettre à le vendre/s’adresser à une nouvelle clientèle, on change le packaging, le nom, la place dans le rayon, etc. Un peu comme quand les « Bio de Danone » sont devenus des « Activia » (ils ont dû changer le nom car les yaourts n’étaient justement pas bio, lol). Eh beh dans la drogue, c’est pareil ! (Quoi ? Mais non ! Pas possible !) L’héroïne ayant mauvaise presse, ce n’est pas le produit le plus facile à refourguer à de nouveaux clients. Alors « on » a eu l’idée de changer son nom en « rabla » (poussière en arabe). Et grâce à cette habile transformation du vocabulaire, on efface de l’esprit du consommateur les images trashos véhiculées par Requiem for a Dream et autres œuvres de ce goût-là, on dit adieu à l’idée de l’injection et on subtilise par extension la notion de consentement éclairé.

En revanche, les conséquences à long/moyen terme sont les mêmes. Les opiacés sont des produits à fort pouvoir addictif et les risques de surdose sont grands. De plus, si tu ne connais pas la nature du produit que tu consommes, tu peux faire des interactions malheureuses. C’est d’ailleurs le cas pour tous les produits. « Informer ne nuit pas à la santé », comme diraient les collègues de Techno+. Mentir sur la nature d’un produit, ça peut tuer.

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