Elle est « pure » ou elle est « coupée » : tu as certainement déjà entendu ces adjectifs pour qualifier une substance ! Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Coupée à quoi et pourquoi ? Comment savoir ? Explorons ensemble le monde de la composition et de l’analyse de produits !
Commençons par aborder les adultérants, les produits de « coupe » des drogues. Ils sont utilisés pour plusieurs raisons, la première étant économique. En utilisant un adultérant qui ressemble (visuellement ou en goût ou les deux) au produit qu’on va couper tout en étant moins cher, on s’assure une meilleure marge bénéficiaire. En augmentant le poids total mais en diminuant le taux de pureté, on maximise les profits.
On distingue les adultérants inertes des adultérants actifs. Les inertes, c’est le lait en poudre, la Maïzena, le bicarbonate de soude, la pierre d’alun, le talc, la craie, qui n’ont pas d’effets. Ceux-là sont relativement inoffensifs mais font quand même chuter le taux de pureté, et donc, diminuent les effets. Ensuite, il y a les adultérants actifs, qui sont souvent utilisés pour imiter des effets attendus du produit (la caféine dans la coke par exemple, pour l’effet stimulant) ou pour les effets secondaires qu’ils induisent (la phénacétine pour l’envie de re-consommer, par exemple).
Certains mélanges sont si connus que des utilisateurs qui tombent une fois sur un produit très pur pourraient être déçus des effets. Notamment, le cocktail lidocaïne (anesthésiant local) + caféine (stimulant donc) + lévamisole (antiparasitaire, pour les gargouillis d’estomac), qui était vendu en guise de cocaïne dans les années 2000 (pour des retombées économiques exceptionnelles vu le prix où ces produits sont dispos sur les sites pharmaceutiques), et dont les effets pouvaient être assez différents du produit original.
Testing et HPLC
Mais alors, comment savoir ce que contient vraiment ton produit ? Un peu de technique : le testing et l’HPLC (High Performance Liquid Chromatography) sont, comme leurs noms ne l’indiquent que partiellement, des dispositifs d’analyse de produits.
L’HPLC nécessite du personnel qualifié, des étalonnages précis pour les produits recherchés, des solvants, du matériel de laboratoire aux noms étranges et une très petite quantité de produit (entre 0,008 g et 0,012 g). Le produit analysé est pesé avec précision, mélangé à des solvants, puis conditionné en mini-fioles qui passent dans le chromatographe. Pendant 12 minutes, le produit est exposé à un traitement qui donne, sur l’écran de l’ordinateur, une courbe (un spectre) qui doit ensuite être « traduite » par quelqu’un.e de compétent. C’est une machine qui ne se déplace pas : les produits sont analysés en différé de la collecte. Elle donne une analyse précise, à la fois qualitative (c’est-à-dire les produits actifs présents dans l’échantillon) et quantitative (en calculant le ratio de principe actif de l’échantillon).
Le testing, en revanche, est une méthode économique, mobile, et rapide pour faire des « analyses ». « Analyses » entre guillemets car c’est un test qui, en réalité, permet seulement de confirmer la présence d’un principe actif (d’une liste donnée) via la coloration d’un témoin. C’est comme si un test permettait de confirmer qu’il y a de la caféine ou du sucre dans le coca. Le réactif réagit de la même manière si le produit est pur à 100% ou à 1%. Le testing utilise le réactif « de Marquis », d’où le nom courant de « test de Marquis ».
Les associations de réduction des risques ont interdiction d’utiliser cette méthode de « réaction colorimétrique présomptive » depuis 2005. De nombreux sites vendent des tests de Marquis, mais vu le peu d’infos pertinentes qu’ils fournissent, mieux vaut passer par une asso comme la nôtre ou toute autre asso de réduction des risques à proximité. Sur Marseille (et sûrement près de chez toi), tu peux venir nous voir pour qu’on collecte et analyse des échantillons (notamment si tu ressens des effets inhabituels). Ces analyses sont anonymes et gratuites, et nous servent aussi à savoir ce qui tourne en temps réel sur le marché (notamment niveau RC et cannabinoïdes de synthèse).
