Qu’est-ce que le poppers, ce solvant vendu légalement dans une petite fiole qu’on voit « popper » en soirée depuis plusieurs années déjà ? Quels sont les effets recherchés et indésirables ? Quels sont les risques et comment les réduire ?
Le poppers est une préparation liquide composée de solvants (inflammables et irritants) très volatils destinés à être respirés (inhalés). IL NE FAUT EN AUCUN CAS L’AVALER. Souvent vendu dans de petites fioles opaques, on ouvre le bouchon ça fait « pop » (d’où le nom), on se bouche une narine et on prend de longues inspirations avec le flacon près de la narine non obstruée. Cette manière de consommer le poppers est déjà un usage détourné, ça veut dire qu’elle n’est pas conforme aux recommandations d’usage qui voudraient que le poppers soit diffusé par évaporation de la fiole ouverte dans un grand volume d’air ambiant.
Son effet vasodilatateur (élargissement des vaisseaux sanguins) va donner une sensation de chaleur et l’effet hypotenseur va donner la tête qui tourne, on rigole un coup et les effets disparaissent. Il agit sur le système nerveux central en ralentissant l’activité cérébrale et peut produire des distorsions visuelles et auditives. On le classe dans le rayon des dépresseurs.
Le poppers ne date pas d’hier ! C’est dans les années 1844 que le Français Antoine-Jérôme Balard synthétise pour la première fois le nitrite d’amyle. On l’utilise peu de temps après pour traiter les affections cardiaques et faire disparaître l’érection chez les patients qui ont une sonde urinaire. À partir des années 1970, il se démocratise dans les milieux gays des grandes villes, puis profite de la libéralisation et de la mondialisation des échanges pour se retrouver en vente libre, d’abord dans les sex-shops, et arrive finalement jusqu’au bureau de tabac. Profitant d’une image de drogue « safe », le poppers a, en 2017, été utilisé par 8,7% des 18-64 ans. Après plusieurs années de gloubi-boulga législatif, l’utilisation, la vente, l’usage et la fabrication de poppers sont officiellement autorisés depuis juin 2013.
Les effets recherchés quand on consomme du poppers sont souvent brefs et fugaces :
- euphorie ;
- sensualité exacerbée ;
- désinhibition ;
- bouffée vertigineuse et stimulante ;
- parfois effet psychédélique suivant le contexte (stimulation des sens) ;
- détente des muscles lisses.
Multiples risques liés à l’usage
Au niveau des effets et des risques liés à l’usage, on notera donc :
- vertiges, voire malaises ;
- perte de mémoire à court terme ;
- maux de tête et nausées ;
- irritations des muqueuses, dont les muqueuses nasales ;
- brûlures des muqueuses et de la peau autour des narines et de la bouche en cas de contact direct avec le produit ;
- hyperthermie ;
- vasodilatation ;
- augmentation du rythme cardiaque ;
- baisse de la pression artérielle ;
- augmentation de la pression interne de l’œil (glaucome) ;
- lèvres bleues, teint pâle et ongles violet foncé ;
- méthémoglobinémie, parfois mortelle.
Et pour un usage chronique :
- asthme, bronchite ;
- dépression respiratoire ;
- un endommagement des cloisons nasales ;
- hémolyse (destruction des globules rouges dans le sang) ;
- des troubles ophtalmologiques (cas de maculopathies) ;
- dépression passagère de l’immunité (destruction des lymphocytes T).
Les interactions avec d’autres molécules exposent évidemment à d’autres risques. Il vaut donc mieux se renseigner au maximum sur ceux-ci AVANT de consommer. D’après Ronald W. Wood, dans « The Acute Toxicity of Nitrite Inhalants », in NIDA Research, une étude publiée en 1983 établit que les nitrates à inhaler sont des substances cancérogènes.
Viagra® et poppers : ces deux substances forment un cocktail très dangereux qui peut provoquer de forts malaises cardiaques. Leur association est donc à proscrire, leurs effets sur l’érection étant d’ailleurs opposés.
Grossesse et poppers : le poppers traverse la barrière placentaire, c’est-à-dire que les molécules passent du corps de la mère au corps du bébé et sont susceptibles d’engendrer, entre autres, le syndrome du bébé bleu.