
À ne pas confondre avec la Journée mondiale de la bicyclette du 3 juin, le Bicycle Day célèbrera ce samedi 19 avril le premier trip à bicyclette d’Albert Hoffmann, le découvreur du LSD.
Le 19 avril 1943, quelques jours après avoir découvert les effets psychiques et hallucinogènes du LSD, Albert Hoffmann décide d’en ingérer 0,25 milligramme avant de rentrer chez lui en vélo à Bâle, 4 km plus loin. Les effets commençant à se faire sérieusement ressentir avant même qu’il enfourche sa bicyclette, il demande à son assistante de l’accompagner.
Un trajet pour le moins éprouvant : « Tout ce qui entrait dans mon champ de vision oscillait et était déformé comme dans un miroir tordu. J’avais également le sentiment de ne pas avancer avec le vélo, alors que mon assistante me raconta plus tard que nous roulions en fait très vite. Le paysage m’apparaissait comme un miroir déformant, et j’avais l’impression de pédaler sur place. », racontera-t-il plus tard.
Arrivé chez lui, le trip vire au bad, Hoffmann étant tour à tour persuadé que son voisin était une sorcière malveillante, qu’il devenait fou et que le LSD l’avait empoisonné : « Les couleurs avaient changé, les sons avaient changé, mon corps avait changé. Je me suis même senti sortir de mon corps. J’ai paniqué. J’étais devenu fou, peut-être même mort. Le pire, c’est que j’ignorais si l’effet du produit allait cesser ou si j’étais condamné pour la vie. Je me suis étendu sur mon lit. »
Il fait appeler un médecin qui ne remarquera rien d’anormal sinon ses pupilles dilatées.
Mais quelques heures plus tard, les symptômes diminuent et « peu à peu, je commençais à apprécier les couleurs et les jeux de formes inédits qui persistaient derrière mes yeux clos. Des images kaléidoscopiques et fantastiques surgissaient en moi, alternant, bigarrées, s’ouvrant puis se refermant en cercles et en spirales, explosant en fontaines colorées, se réorganisant et s’hybridant dans un flux constant… Je me suis relevé, et j’avais totalement changé d’humeur. Tout est devenu positif. Le monde diabolique était devenu un monde enchanté. Les couleurs étaient resplendissantes, tout me paraissait beau et profondément admirable. J’étais passé de l’enfer au paradis. J’ai pensé que je voyais le monde, pour la première fois, tel qu’il est vraiment. »
Initié en 1985 par Thomas B. Roberts, un professeur de l’université Northern Illinois, pour célébrer ce premier trip report de l’histoire, le Bicycle Day est désormais honoré aux quatre coins du monde par les amateurs de psychédéliques.
Chaque 19 avril, la fondation Gaia Media à Bâle propose même de refaire à vélo les quatre kilomètres parcourus par Albert Hofmann.
Avis aux amateurs de bicyclette en quête de sens pour leur sortie samedi prochain.