Lorsqu’on évoque la soumission chimique, c’est systématiquement le GHB qui arrive au centre de la discussion, la fameuse « drogue du violeur ». Et si tout n’était pas si simple ?
Dans le sillage de « Balance ton porc », la libération de la parole des violences sexistes et sexuelles n’en finit plus de lever le voile sur la réalité des viols et agressions sexuelles que subissent entre autres les femmes, et un nouveau mot clé vient de faire son apparition : #balancetonbar. Derrière ce #, on retrouve des témoignages dénonçant des agressions sexuelles dans les bars et autres lieux festifs nocturnes. Parti de de Bruxelles, il a donné lieu à un déferlement de partages d’expériences sur les réseaux sociaux. Et on y parle beaucoup de drogue du viol.
Quand on évoque ces mots, on pense tout de suite au GHB, la fameuse drogue dite « du violeur » que certaines personnes disent avoir consommée à leur insu avant de subir des agressions sexuelles, voire des viols. Et ça arrive ! Il n’y a évidemment pas à remettre en cause le vécu des victimes. Or, les principales drogues qu’utilisent certains en vue de commettre un viol pour soumettre chimiquement leurs victimes sont l’alcool et les médicaments, en particulier les benzodiazépines : Xanax®, Valium®, Lexomil®, Stilnox®, etc.
Tous les dix ans, le GHB/GBL revient dans les médias et le débat public comme un marronnier, sans aucune étude vraiment fiable. Et si des analyses prouvant la présence du GHB dans des affaires de viols sont régulièrement réalisées, les autres molécules permettant de faire perdre conscience, nos fameuses benzodiazépines par exemple, sont bien plus rarement recherchées.
En concentrant l’attention autour du GHB/GBL, on invisibilise ainsi le problème central qui sont les violences sexistes et sexuelles sur les espaces festifs en général, et en particulier dans les soirées entre ami•es, où les agressions et viols se produisent le plus souvent ! En faisant de la soumission chimique au GHB le problème principal, on diabolise un seul produit et avec lui toutes les personnes qui en consomment : ce qui entretient les tabous, poussant les victimes au silence et à la culpabilité de s’être fait•es agresser en ayant volontairement consommé ce produit.
Des liens pour aller plus loin :
https://ansm.sante.fr/page/resultats-denquetes-pharmacodependance-addictovigilance (voir soumission chimique)
https://www.academie-medecine.fr/la-soumission-chimique-un-probleme-de-sante-publique/