Quand on parle de soin relatif aux addictions, la première chose qui vient en tête, c’est la fameuse cure de désintox, et pour les plus aguerris «l’addictologue ».
Ce professionnel de santé mystérieux… Mais en vérité, l’offre de soins en addictologie est TENTACULAIRE et trop souvent méconnue. Au détriment, évidemment, de la santé des usager·es.
Cette offre de soins se décline en plusieurs axes : l’offre médico-sociale, l’offre libérale et l’offre hospitalière. Enfin, n’oublions pas l’importance de l’entraide communautaire qui fait selon nous partie du soin, même si elle se pratique sans médecins diplômés ni sachants. Dans l’article du jour, nous aborderons l’offre médico-sociale.
L’offre médico-sociale
L’offre médico-sociale concerne les structures de soins dont tous les services sont gratuits. Elles ont une mission de service public et sont gérées soit par des associations, soit par des établissements publics de santé. Les équipes y sont pluridisciplinaires, les accompagnements peuvent se faire dans la durée et il est possible de préserver son anonymat. Dans ces espaces, on retrouve des professionnel·les de santé (infirmier·es, médecins, psychologues, etc.) et du social (éducateurices, assistant·es sociaux.ales, etc.).
Csapa
C’est l’acronyme de centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Ce sont des lieux qui s’adressent à des personnes dépendantes ou en situation d’addiction avec ou sans produits.
« Les Csapa assurent des missions :
👉 d’accueil, d’information et de prévention, d’évaluation médicale, psychologique et sociale, et d’orientation pour le patient ou son entourage ;
👉 de réduction des risques associés à la consommation de substances psychoactives ;
👉 de prise en charge médicale, psychologique, sociale et éducative », détaille la Mildeca.
Équipes pluridisciplinaires et différentes modalités d’accueil
Les médecins présents quotidiennement y assurent des consultations, ainsi que la prescription et la délivrance de traitements psy ou de substitution.
La majorité des Csapa accueillent de jour sur des plages d’ouvertures type horaires de bureau ou en soirée (attention les horaires varient ! Vérifiez auprès de votre Csapa) , mais certains développent d’autres projets : des hébergements thérapeutiques par exemple. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), il existe environ 500 Csapa répartis (inégalement) sur tout le territoire national, et 314 000 personnes ont bénéficié de leurs services en 2024 – dont 50% venues pour des problèmes d’alcool.
Les ambiances et modalités d’accueil diffèrent selon les structures/établissements.Certains mettent le rendez-vous et l’abstinence au cœur de leur relation avec les usager·es, d’autres pas. L’accès à du matériel de consommation stérile et la présence d’un PES (programme d’échange de seringues) ne sont pas garantis partout. Les structures qui travaillent avec les publics très en difficulté (en très grande précarité) proposent des accueils dits « à bas seuil d’exigence », c’est-à-dire sans réserve et sans prérequis afin d’augmenter les chances de prise en charge en réduisant les freins.
« Historiquement, la notion d’accueil « à bas seuil d’exigence » ou « à haut seuil de tolérance » de personnes en situation de grande vulnérabilité psychosociale s’est développée dans le cadre de l’accompagnement des usagers de drogues. L’objectif premier était de maintenir un lien et de garantir des soins minimaux à ces publics. Des expériences ont vu le jour au Canada, en Suisse et en Belgique. En France, aucune législation ne vient strictement encadrer ce type d’accueil, mais des projets ont été entrepris par des associations, souvent dans le cadre d’appels à projet du service public.
Quelques principes fondateurs guident nombre de professionnels exerçant au sein de ces structures d’accueil et ou d’hébergement (CHRS, accueil de jour, équipe mobile…) :
– La mise à l’abri est un premier pas dans une perspective d’(ré)inclusion sociale ;
– L’absence de demande (et de projet) n’est pas un frein à l’accueil et à l’hébergement ;
– L’abstinence de substances psychoactives (ou autres) n’est pas une condition requise à l’hébergement ;
– Un contrat formalisé et temporalisé (durée, condition, démarches…) n’est pas exigé ;
– Un cadre d’entente minimal est proposé : pas de violences physiques et de mise en danger d’autrui ;
– La notion de non-abandon est une « condition » éthique absolue ;
– Le maintien du lien par le professionnel et le fait « d’aller vers » malgré les troubles ou comportements présentés est une pratique constante ;
– Le travail de liaison et de partenariat y est privilégié (notamment avec la psychiatrie). »
CJC
CJC signifie Consultation jeune consommateurs. Ce sont des structures qui s’adressent au 12–25 ans et à leurs familles. Selon la Mildeca, il en existe 540. Ces consultations prennent place au sein de Csapa ou d’hôpitaux, plus rarement au sein d’autres structures spécialisées dans l’accueil de jeunes. Les jeunes peuvent être vus seuls ou avec leur famille, et les familles peuvent aussi être vues séparément. C’est la promesse de ce double travail qui permet de dénouer les problèmes. Toutes les addictions peuvent y être discutées.
Caarud
Les Caarud sont des centres d’accompagnement et d’aide à la réduction des risques pour les usager·es de drogues. Ici, pas la peine d’avoir un projet d’abstinence ou de sobriété pour bénéficier d’un accompagnement. On y trouve accueil et chaleur humaine mais aussi du matériel de consommation à moindres risques, des dispositifs de récupération du matériel usagé, un accompagnement personnalisé et bienveillant. D’autre part, des professionnel·les du social permettent entre autres d’accéder à ses droits. Une couverture médicale, une domiciliation, des aides pour sortir la tête de l’eau.
Des lieux humains et sociaux
Ces lieux sont généralement animés par des activités, des moments collectifs et des collations. Afin de re socialiser les individus, leur redonner confiance dans le collectif. Épicerie solidaires, free-shops, bibliothèques participatives peuvent aussi être au programme. De plus en plus de Caarud ouvrent également des temps d’accueil en non-mixité afin de pouvoir toucher les personnes qu’une surreprésentation masculine pourrait dissuader. À la croisée des difficultés, des permanences sont aussi pensées pour des publics aux besoins spécifiques : les travailleureuses du sexe et personnes trans, par exemple.
Pôles festifs ?
Il n’est pas rare que les Caarud aient un pôle festif. Sous la supervision d’un chef de projet ou d’un coordinateur, une équipe (salariée ou de bénévoles) intervient en milieu festif (souvent illégal, mais pas que) pour proposer espace de repos, matériel de réduction des risques (RdR), réassurance en cas de bad trip et bobologie aux fêtard.es. Ces espaces d’intervention peuvent être une manière de s’impliquer en RdR qui lie plaisir et utilité et participe à la formation et à l’empouvoirement des personnes concernées.
GEM
Les groupes d’entraide mutuelle sont les associations portées par des personnes concernées par un trouble psychique. L’addiction par exemple. Alors que la question de la santé mentale est centrale dans la prise en charge de la dépendance, de nombreux troubles psychiques peuvent se superposer et former un véritable mille-feuille. Qu’il s’agisse de dépression, de troubles de l’anxiété, de bipolarité ou de schizophrénie, par exemple.
Dans ces espaces, on peut rencontrer des gens avec qui on a du commun et échanger, à travers des activités artistiques ou de loisir.
Ce sont donc des lieux plutôt détente où l’informel vient au service de la santé mentale. Plus d’infos à ce sujet sur le site psycom.org.
Même si les délais peuvent parfois être longs, les Csapa sont une très bonne porte d’entrée dans la prise en charge des addictions. Pour retrouver les centres près de chez vous, go sur l’annuaire de l’action sociale.
OFFRE DÉMATÉRIALISÉE
Selon ameli.fr, « Il est parfois plus facile d’avoir recours au téléphone ou à Internet. Les forums sont utiles et peuvent aussi accompagner la personne et son entourage. Il existe des services d’écoute au téléphone.
Tabac Info Service : 39 89
Du lundi au samedi de 8h à 20h. Appel gratuit.
Alcool Info Service : 0 980 980 930
De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Gratuit et anonyme.
Drogues Info Service : 0 800 23 13 13
De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe.
Appel depuis un portable au coût d’une communication ordinaire : 01 70 23 13 13
Écoute cannabis : 0 980 980 940
De 8h à 2h, 7 jours sur 7. De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe.
Joueurs Info Service : 0 974 75 13 13
De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et non surtaxé
Fil santé jeunes : 0 800 235 236, 7j/7, de 9h à 23h (service anonyme et gratuit) ou depuis un portable au 01 44 93 30 74. »