
Quand on a goûté au plaisir du sexe sous produit, le sexe sobre peut paraître bien fade. Il peut alors devenir difficile de ne pas associer moments d’intimité et consommation de substances.
Quand les drogues provoquent des effets récréatifs, c’est sur le cerveau qu’elles agissent. Elles vont perturber le circuit des neurotransmetteurs, ces substances sécrétées, libérées et récupérées en permanence par le cerveau en réponse à certains stimuli. Mais toujours petit à petit, le cerveau fait sa petite chimie avec des signaux qu’il envoie au reste du corps en bonne unité centrale qu’il est.
Ainsi, un câlin assez long va provoquer une décharge d’ocytocine qui favorise l’empathie et réduit l’anxiété. Une partie de bon sexe ou un orgasme vont libérer de l’endorphine (littéralement « morphine endogène ») qui va donner une sensation de bien-être et de plaisir. Un épaississement du sang va libérer de la vasopressine qui va te donner envie de faire pipi pour que tu penses à boire de l’eau. Faire quelque chose qui fait plaisir libérera de la dopamine et de la sérotonine et vous serez partant pour plein de choses, requinqué, ragaillardi. Une colère et le cortisol submergeront votre cerveau pour vous rendre passablement con et méchant (en colère, quoi). Une peur ou un danger vous enverra de l’adrénaline : vous rendant plus alerte, plus résistant et aussi beaucoup plus tête brûlée.
Etc. !
Ces substances, les neurotransmetteurs, neuromédiateurs, hormones, neuropeptides, etc., commandent. Et le cerveau se garde bien d’épuiser ses réserves en adaptant les doses (infimes) selon les stimuli. Les drogues nous provoquent des sensations d’extase car elles libèrent certains de ces neurotransmetteurs en grande quantité et d’un coup.
Un parachute de MDMA : et bim, ce sont des flots de dopamine et de sérotonine qui vous submergent, provoquant cette béatitude et donnant l’énergie pour danser des heures. Une trace de 3-M : et on est parti pour des remous insensés d’énergie et de bien-être. Jusqu’au craving. Évidemment, le circuit des neurotransmetteurs n’est pas prévu pour ça, et quand les stocks sont à plat, on a beau charger la mule (consommer plus), on ne ressent pas + de +. C’est la descente qui s’amorce et après elle, la redescente qui est le symptôme de l’après-drogue.
Tout une ré-éducation sexuelle
Faire le sexe, c’est déjà censé être une partie de plaisir, les caresses, le plaisir, les baisers, l’orgasme, la proximité agissent aussi sur les neurotransmetteurs, mais quand tu ajoutes les drogues par-dessus, tu biaises complètement ton système. Et le plaisir d’une bonne baise sans drogue semble alors nul à chier par terre. On a l’impression que le plaisir classique devient incomparable au plaisir foncedé, sans intérêt. Quand on pratique le chemsex, il peut s’installer une superposition entre libido et prise de produits. Quand la libido pointe le bout de son nez, on veut consommer et vice versa…
Sortir de la dépendance comportementale au chemsex, c’est réapprendre à avoir une sexualité sans produits, sans applications de rencontres, et sans que ça dure 48 heures. C’est tout une ré-éducation sexuelle pour retrouver une sexualité satisfaisante et ça demande du temps ! Parfois, on a l’impression qu’on n’arrivera plus jamais à baiser comme avant, mais en fait si. Être à l’écoute de sa sexualité peut s’accompagner avec des groupes de parole, des partages d’expérience et l’aide de sexologues.
[Pour plus d’informations sur le chemsex :
Documentation : https://bit.ly/RespaddChemsexPdf
Informations : https://chemsex.be/
Mildeca : https://bit.ly/MILDECAchemsex
Sexosafe : https://bit.ly/SEXOSAFEchemsex
LaPrep : https://bit.ly/LaPrep ]