Pourquoi parler de trouble de l’usage plutôt que d’addiction ? Comment savoir quand on glisse d’un usage intensif à un usage pathologique ?
Les critères diagnostiques de l’addiction ont été définis par une communauté d’experts et sont publiés dans un ouvrage intitulé « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders », dont la cinquième version (DSM-5) est parue en 2013. Étant donné que des substances légales comme l’alcool ou le tabac peuvent aboutir à une addiction autant que les substances illégales, les auteurs du DSM ont préféré parler de « trouble de l’usage de la substance » (en anglais : substance use disorder).
Les termes courants « addiction », « abus » et « dépendance » sont définis de manière trop vague et variable pour être très utiles dans le diagnostic systématique ; « trouble lié à l’usage de substances » est plus complet et comporte moins de connotations négatives.
Les troubles liés à l’usage de substances impliquent généralement des schémas comportementaux dans lesquels les personnes continuent à prendre une substance malgré les problèmes causés par son usage.
Il y a plusieurs critères qui participent à identifier un trouble de l’usage, ils associent principalement :
– La perte de contrôle, c’est-à-dire l’incapacité répétée à restreindre et a fortiori arrêter la consommation ou le comportement ;
– Le « craving » ou désir intense, conscient et envahissant de consommer une substance ou de satisfaire le besoin (de boire un verre d’alcool par exemple) ;
– La poursuite des consommations malgré la conscience de leur nocivité (je m’endette à force de jouer) ;
– La tolérance (ou accoutumance), c’est-à-dire la nécessité d’augmenter les doses pour obtenir l’effet recherché ;
– Le syndrome de sevrage, qui est un état de mal-être s’exprimant soit sur le plan physique, soit sur le plan psychique, soit sur les deux plans, lorsque la substance vient à manquer, et qui disparaît dès la reprise de la consommation ou du comportement…
Il est intéressant de remarquer que les critères ne se basent pas sur la substance elle-même ou la fréquence de conso, mais sur la force d’attraction qu’exerce la substance sur la personne et le degré de contrainte et de perte de liberté qu’engendre le comportement.
Vous pouvez retrouver l’entièreté des critères sur le site de la Mildeca. Il est couramment recommandé de consulter un spécialiste si vous vous reconnaissez dans au moins trois critères. Cependant, même le fait d’en valider un seul peut être l’occasion de réfléchir à son rapport à la conso en question !
On peut s’interroger : comment passe-t-on de l’expérimentation, à un usage occasionnel, intensif, voire à un trouble lié à l’usage ?
Il y a souvent trois facteurs déterminants quant à l’apparition d’un trouble de l’usage :
- La substance : toutes les substances n’ont pas la même susceptibilité à induire la dépendance (ce potentiel dépend d’une diversité de facteurs comme la manière dont est utilisée la substance, le niveau de stimulation de la substance sur le système de récompense du cerveau, sa rapidité d’action, sa capacité à induire la tolérance et/ou des symptômes de sevrage).
- La personne, selon des facteurs psychologiques, physiologiques, d’éventuels troubles coexistants, etc.
- Le contexte : les facteurs culturels et sociaux, l’environnement, le cadre de vie, etc.
Si tu te sens en difficulté avec une conso, n’hésite pas à nous envoyer un message et/ou à rentrer en contact avec une structure spécialisée, comme un Csapa ou un Caarud.
https://www.maad-digital.fr/articles/laddiction-cest-quoi
https://www.neuraxpharm.com/fr/troubles/usage-substances
https://www.addictaide.fr/parcours/gravite/?quest=true#/gravite
