
Signataires : ASUD MSY / Bus 31/32 / Collectif Belsunce / Collectif Je Dis Oui / LDH Marseille / Médecins du monde / Nouvelle Aube / Vers Marseille sans sida et sans hépatites
Communiqué – Marseille, le 29 septembre 2025
En opposant un veto présenté comme définitif à la création d’une Halte soins addictions (HSA) à Marseille, le préfet de la région Sud scelle le sort de milliers de personnes consommatrices de drogues, vivant déjà dans une précarité extrême dans le centre-ville de Marseille. Il condamne aussi les habitants des quartiers concernés à un statu quo devenu intenable.
Nous, associations et collectifs de riverains, exprimons notre plus profonde indignation et nos plus vives inquiétudes face à de tels propos. Nous alertons à nouveau sur les conséquences dramatiques de l’absence de réponse sociale et sanitaire à l’égard de personnes de plus en plus nombreuses et de plus en plus fragiles [1].
L’argumentaire, toujours le même, opposant accompagnement médico-social et lutte contre le narcotrafic, témoigne en outre d’une totale méconnaissance du sujet.
La prévention des addictions et la réduction des risques liés à l’usage de drogue ne sont PAS une variable d’ajustement à ranger derrière les problématiques d’ordre et de sécurité. Elles sont D’ABORD un enjeu de santé publique, tout aussi prioritaire. Un enjeu majeur et plus central que jamais ici à Marseille.
Par cette déclaration péremptoire, le préfet semble confirmer ce que nous dénonçons depuis de nombreux mois : les enjeux de santé publique en matière de drogue s’arbitreraient désormais directement et uniquement au ministère de l’Intérieur. Nous appelons donc l’ARS PACA et le ministère de la Santé, qui ne semblent même pas avoir été concertés avant cette prise de parole, à reprendre la main sur ce dossier.
Nous le savons d’expérience et de connaissance scientifique : le tout-répressif en matière de prévention de l’usage de drogues est fondamentalement inefficace et contre-productif. L’idée que le renforcement de l’arsenal répressif est seul à même de résoudre le problème de l’usage de drogues dans l’espace public, a fortiori dans une des villes les plus pauvres de France, relève au mieux de la croyance, au pire du déni. Elle va à l’encontre de l’ensemble des recommandations d’experts nationaux et internationaux, et renie toute la littérature scientifique disponible sur la question.
Sans avoir d’effet significatif sur le trafic – sinon une augmentation des violences –, la répression nourrit mécaniquement l’exclusion et l’isolement. Elle maintient les personnes les plus fragiles dans l’addiction et la précarité en les éloignant de l’accompagnement et du soin.
La mise en place des HSA est inscrite dans la loi depuis 2016. L’immobilisme de la puissance publique et son incapacité à appréhender cette problématique au-delà des enjeux sécuritaires sont en grande partie responsables du drame sanitaire auquel nous assistons depuis 2023.
Nous appelons l’ARS PACA et le ministère de la Santé à réagir, et à prendre une position claire sur un sujet qui les concerne directement.
Nous invitons vivement le préfet à reconsidérer sa position à la lumière des nombreux rapports d’experts et des expérimentations menées à Paris et Strasbourg.
Contacts presse :
ASUD MSY : Antoine Henry – 06 21 93 11 92
Bus 31/32 : Michel Bourrelly – 06 25 91 64 07
Collectif Belsunce : Karim – 06 60 62 20 60
Collectif Je Dis Oui : Marianne Poisson – 06 83 28 66 54
Médecins du monde : Guillaume Debrie – 07 60 33 75 54
Nouvelle Aube : Joachim Levy – 06 07 32 69 63
[1] La file active des principales associations marseillaises de prévention et de réduction des risques a plus que doublé depuis 2023, et les caractéristiques socio-économiques des personnes accompagnées sont en nette dégradation