
Accrochez vos ceintures de chasteté chers lecteurs, car aujourd’hui nous vous emmenons à toute allure sur l’autoroute du… PLAISIR.
Vous l’aurez compris, au milieu de notre campagne sexualité, impossible de faire l’impasse sur ce pourquoi, en principe, on appuie sur l’accélérateur. Vaste sujet dans un monde où le cul se présente comme tristement mécanique, où la notion de plaisir est sous-jacente mais au croisement de tant d’enjeux sociaux, psychologiques et politiques. Et toi alors, quand il s’agit de déconstruire et bâtir une vision inclusive et respectueuse du plaisir, tu passes le contrôle technique ?
PATERNALISME, PATRIE, PATRIARCAT : MÊME RACINES, MÊME COMBAT !
Car oui, le plaisir, ça s’apprend ! Première pierre à l’édifice et pas des moindres, le fondement du plaisir c’est, sans surprise, le consentement. D’où la pertinence des cours d’éducation sexuelle, bâclés à l’école, qui constituent une approche inexacte de la sexualité alors qu’ils devraient être les prémices indispensables pour lutter contre les violences sexuelles. Apprendre à communiquer, apprendre à checker le consentement, apprendre à s’autoriser à dire non.
Et le consentement, c’est même un prérequis au plaisir ! Des siècles de patriarcat l’ont invisibilisé de nos relations, et leurs fiers, quoique croulants, représentants toujours (malheureusement) vivants veulent nous faire croire qu’on ne peut plus rien dire, plus rien faire, plus draguer… Comme si la sexualité consentie représentait un danger pour leur propre libido ou leur désir qui ne se conçoit qu’à travers un modèle unique de domination, tant que leur propre envie en ressort satisfaite. Quel égoïsme… et quels mauvais coups ! Nous ne les plaindrons pas d’être passés à côté de leur sexualité ou de leur plaisir prostatique en envisageant leurs modèles relationnels comme des homos erectus, nous défendrons plutôt leurs victimes et leur cracherons au visage que la génération MeToo trouve le consentement sexy en s’attelant à le rendre visible et central dans nos échanges.
MON CORPS, MON CHOIX
Et puisque l’on parle des tabous, quid des consos et de la sexualité ? La drogue et le sexe sont des sources de plaisir potentielles et pour certain.es, la combinaison des deux constitue un espace comme un autre pour mener une sexualité libre et éclairée. On parle parfois de chemsex. Mais attention aux risques ! Les substances peuvent impacter le plaisir et faire perdre le contrôle. Désinhibition pourquoi pas, mais soumission chimique, non merci. C’est de la responsabilité de chacun de s’assurer du consentement de toustes, et qu’une personne est en capacité de consentir. En cas de vulnérabilité, on soutient, pas l’inverse. La réduction des risques, c’est aussi se questionner collectivement sur la manière de consommer en restant maître·sse de son plaisir.
Et le désir dans tout ça ? Au sein des couples, il existe très souvent des asymétries, des baisses de régime, qu’elles soient permanentes ou temporaires. Et alors ? Derrière les grandes déclarations des uns des autres sur une supposée frénétique vie sexuelle, rassurez-vous, la réalité n’est pas si fluide et le rythme peut ne pas être soutenu sans que cela pose un problème majeur. Stress, fatigue, occupations, perte de libido, manque de confiance en soi… On a tous une bonne raison de ne pas baiser ! Et parfois, c’est même militant, on ne se force plus à faire l’amour.
Pas de pression, la fréquence relève souvent du déclaratif, et au risque de vous briser le cœur, sachez que les gens mentent. De l’injonction à baiser comme condition sine qua non de bonheur (et de puissance si l’on est un homme), à celle de ne pas baiser comme mot d’ordre de pureté (surtout si l’on est une femme), les traditions opèrent un grand écart mais nous enferment toujours dans un carcan. Et si, tout simplement, on apprenait à se foutre la paix ?
Car de l’injonction à avoir à tout prix une vie sexuelle naissent d’autres violences. Des VSS (violences sexistes et sexuelles), bien sûr, mais plein d’autres orientations sexuelles sont passées sous silence. L’asexualité typiquement, mystérieuse et fantasmée, est une orientation comme une autre qui se trouve pourtant très souvent invalidée. Alors que ne pas ressentir d’attirance sexuelle n’empêche pas spécialement de tomber amoureux.se, et si cette idée te fait sursauter, interroge–toi. L’amour, c’est uniquement s’il y a cul ? Et si on n’aime tout simplement pas le sexe, il faudrait se forcer et outrepasser son consentement ? Il est grand temps de combattre les stéréotypes liés à une vision normée de la sexualité.
BRAVO LES LESBIENNES !
Sans vouloir prêcher pour ma chappelle, il semblerait que la sexualité lesbienne pète tous les scores. Déjà, subtilement, en termes de recherche porno pour le classique lubrique homme cis hétéro, mais aussi chez les femmes. Fantasme oui, mais surtout réelle efficacité ! Car au-delà de la vision hétéronormée, les lesbiennes « gagnent » aussi sur le terrain des pratiques. 86% d’entre elles ont toujours ou souvent des orgasmes, contre 65% des hétérosexuelles et 66% des bisexuelles (Chapman University, 2017). Plus de 25 000 femmes ont été interrogées pour obtenir ces chiffres, rendons-nous donc à l’évidence : les lesbiennes sont le plus grand fantasme et les meilleures amantes du monde. Ce qui pose une question réthorique : la sexualité, quand on en exclut les hommes cis hétéros, serait-elle davantage dans l’écoute, la communication, le plaisir de l’autre, et donc finalement plus safe ? Il semblerait que oui. Who run the world ? Girls – et les minorités de genre ofc.
NE ME LIBÈRE PAS, JE M’EN CHARGE
Au milieu de tous ces rapports, n’oublions pas que le plaisir, et c’est en cela qu’il est merveilleux, peut aussi se jouer seul.e ! Et cette idée progresse. La masturbation, longue chasse aux sorcières vieille de plusieurs centenaires, serait-elle devenue le nec le plus ultra ? En tout cas, elle se démocratise, et même si les Français, et a fortiori les jeunes, font moins l’amour, on observe une véritable explosion des ventes de sextoys. Pas contradictoire, finalement, dans une société bercée par les vieux clichés réactionnaires relationnels. Quoi de plus logique que, lassés de ces pratiques archaïques, on passe plus de temps à découvrir son propre corps et à poser ses limites en faisant un date avec soi-même ? C’est le moment, sans jugement possible, d’explorer sa prostate ou de saigner son Womanizer. Et puis, si l’on est en confiance avec quelqu’un.e, on peut aussi pratiquer la masturbation à plusieurs ! L’occasion rêvée de rompre avec les anciennes traditions où le rapport sexuel se résume au simple acte de pénétration : BORING.
Mais si le plaisir a été remis au centre du débat, ne nous leurrons pas, le retard reste immense. Imaginez, en 2025 encore, la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) a dû retoquer la France et sa sinistre juridiction sur le « devoir » conjugal, qui grosso merdo légitime de violer son épouse. Ces mesures aberrantes, qui nous semblent tout droit sorties du Moyen-Âge, sont encore bien ancrées. En 2024, on dénombre 137 féminicides. Mais aussi une augmentation des VSS, des violences de genre, des actes homophobes. Des faits et des chiffres glaçants dans un contexte politique où les réactionnaires (re)prennent le pouvoir et réaffirment la domination masculine et l’oppression machiste, naturellement assorties de la binarité la plus crue. Terrifiant. Seul point positif, avec une telle obsession du wokisme, on peut imaginer qu’ils le craignent, et qu’en conséquence, nous sommes plus nombreux à vouloir en terminer avec la violence qu’ils souhaiteraient modèle sociétal. Espoir donc.
UNE SEULE SOLUTION : AUTRE CHOSE
Enfin, il ne faut pas oublier que notre société comporte des inégalités structurelles et que le plaisir n’est pas accessible de la même manière à toustes. Les violences ont un impact durable sur la perception du corps et du plaisir. Le patriarcat (encore lui !), les stéréotypes de genre et les tabous culturels limitent la libre expression. D’où l’importance de la révolution cul-turelle, et que chacun.e s’empare du sujet et prenne ses responsabilités pour ensemble réinventer une sexualité éthique et inclusive.
Et pour commencer, si ce sujet te pose question et que tu t’interroges sans savoir vers qui te tourner, il y a toujours le 3615 KEPS, notre permanence d’écoute safe et bienveillante ! Tous les mercredis et jeudis de 14 à 17h, slide dans nos DM pour prendre RdV !