Dans le témoignage du jour X nous raconte comment elle a rencontré la kétamine. Comment, en peu de temps, elle est devenue son produit préféré. L’indispensable pour un bon moment ! X nous parle aussi du point de bascule, et de tout ce que la ké a failli lui voler. Profondément humain et très sensible : un témoignage éclairant et sans détours.
Ah, la kétamine… Le coup de cœur dès que je l’ai essayée, et pourtant, en l’espace d’un an, elle a failli me coûter mon couple, et ma vie.
Meilleur souvenir de festival, des sensations charnelles, visuelles, de plaisir indescriptible, et à la fois celle qui m’a filé une pulsion suicidaire au cours d’une soirée, prête à m’écraser le crâne à terre, persuadée d’être si désespérément seule, que tout le monde s’en foutait, prisonnière de ma réalité sans échappatoire.
J’étais tellement angoissée de voir les mêmes images à la con en boucle de tous ces gens qui se multipliaient autour de moi, j’avais l’impression de mourir sur place, mais qu’est-ce que je fous là tiens ?
Arrête de lutter. Mais je n’ai pas la force d’ouvrir les yeux car si je les ouvre je sais que je vais revoir les scènes de la soirée qui se répètent en boucle et je vais vriller à cause du bruit des gens dans mes oreilles ; puis je me dis que je ne peux pas mourir aussi bêtement dans une soirée happée par ces sentiments négatifs ; tout finira par s’arranger. Une partie de moi est restée là-bas. Le mental joue énormément dans ce genre de moment, t’entraînant dans un cercle vicieux où ta montée alimente une angoisse et ainsi de suite…
Sinon, mon set & setting de conso habituel ? Quand j’ai le cerveau en ébullition, je repense aux traumatismes et violences d’enfance comme un boulet à ma cheville, je dois taire ces angoisses et ce vide si criant, pour me sentir vivante. Alors quand je rêve, je ne pense plus à la guerre dans ma tête, même s’il arrive rarement du bon pendant ou après un voyage. J’ai une fois hurlé les mains autour de mon visage, entourée de cadavres à ma table.
Pourquoi j’y reviens ?
À chaque prise la kétamine me donne l’impression de déformer mes traits grossièrement, je me trouve ridicule, laide et me compare (ça accentue ma dysmorphobie, nice), et même quand le mindset est good… Je me répète, cela se passe rarement bien, alors pourquoi j’y reviens ?
Ah oui merde, je l’ai écrit au début… En fait, hormis quand c’est cool en soirée pour danser, il y a eu 2 ou 3 fois où j’ai éprouvé cet apaisement extrême après avoir réintégré mon corps. Et je voulais ressentir de nouveau ce sentiment de confort, d’apaisement, où tout est à sa place, rassurée et reconnaissante envers la vie et d’être entourée de gens qui m’aiment.
J’ai testé avec beaucoup d’états d’esprits et de contextes différents, afin d’expérimenter. Lecture, kedodo, câlins, ou simplement chercher à me détendre après une dure journée ; j’ai arrêté de boire quand ma consommation était effrénée alors, je pouvais bien m’octroyer ça… (comment ça la fin d’une addiction qui en entraîne une autre ? Hem…)
Paraît que les voyages ne sont jamais les mêmes mais pourtant, mes rêves étaient sensiblement les mêmes, que ce soit K de qualité ou non, voire de plan différent.
Angoissants pour la plupart. On se sent minuscule dans un univers coloré, ou pas, passer dans ces tunnels qui nous écrasent, avant d’abandonner son enveloppe charnelle et tout ce que nous connaissons… et pour ma part, toujours le même message à la fin, « Ça te suffit ?… Mais impossible, il est trop tard pour revenir en arrière, il n’y a plus de monde… t’es un amas d’atomes, c’est tout, t’es plus que ça. »
À force d’essayer en vain de ressentir une plénitude anecdotique, et après avoir risqué de tout perdre, quelques analyses ont fini de me convaincre de ne plus en acheter. Après tout, une conso de plus en plus forte, aux effets imprévisibles pour une lutte compulsive à la Pile ou Face, devait stopper avant de renverser la bascule.
Prenez-soin de vous.
Les témoignages publiés sur KEPS et ses différents réseaux sociaux sont issus de notre communauté. Ils peuvent nous être envoyés par email, en messagerie privée, ou racontés de vive voix (et enregistrés puis retranscrits), ils sont le récit d’une expérience toujours subjective. Il convient de les prendre tels qu’ils sont : un morceau de la réalité d’une personne. La plus grande bienveillance est de mise et les propos tenus ici ne reflètent pas une position de Kepsmag ou de l’association Bus 31/32.