Aujourd’hui, X partage un témoignage bouleversant sur la consommation et l’addiction à la kétamine.
Ce qui avait commencé comme un usage festif, partagé entre amis, s’est lentement transformé en dépendance collective, marquée par la douleur, les atteintes physiques et la difficulté à s’en libérer.
Entre plaisir, perte de contrôle et lutte pour s’en sortir, X raconte sans détour comment la kétamine peut détruire silencieusement des vies, tout en soulignant l’urgence d’une meilleure information, d’un accompagnement adapté et d’un changement de regard sur les usages.
« J’ai commencé la kétamine dans une optique uniquement festive il y a six ans, pendant trois ans cela restait uniquement festif sans aucun problème d’addictions ni de santé. Il y a trois ans avec mon groupe d’amis, on a commencé à en consommer plus régulièrement et tous les jours, dû au fait qu’on avait toujours d’énormes quantités avec nous. À partir de ce moment-là, sans s’en rendre compte, y’a une grosse addiction qui a commencé à se développer chez tout le groupe, certains plus que d’autres mais dans l’ensemble, on est tous tombés dedans. Pendant longtemps, on prenait le temps de la cuisiner, mais plus la consommation augmentait, plus le temps passait et moins on prenait ce temps-là. À partir du moment où on la consommait en cristaux à des doses très élevées, les problèmes de santé sont apparus, chez tout le monde et assez vite.
Sang dans les urines, trous dans le nez…
Ça a commencé par ce qu’on appelle des « aliens », donc de très fortes douleurs abdominales, en fait ce sont tes muscles lisses qui se contractent, à ce moment-là t’as l’impression que tu va mourrir tellement la douleur est insupportable, et à part boire du chaud et attendre, y’a rien à faire. Les problèmes de vessie ont aussi commencé à apparaître, avec un rétrécissement de la vessie, de grosses douleurs au moment d’uriner, une difficulté à uriner et un besoin d’aller bien plus régulièrement aux toilettes jusqu’à plusieurs fois par heure. Du sang dans les urines de certain·es a commencé à apparaître. Ensuite sont venus les trous dans le nez de certain·es, donc une nécrose des parois qui vient jusqu’à la rupture de celles-ci. Pour ma part, j’ai développé tellement de trous que l’intérieur de mon nez ne ressemble plus à rien, j’ai des trous de partout qui font que maintenant la ké infecte tous les sinus, provoquant de fortes douleurs au moment de la consommation.
Ça nous détruit tous de l’intérieur
Malgré tous ces problèmes de santé et le fait que pour beaucoup d’entre nous cela nous coûte pratiquement tout notre argent, personne n’a encore réussi à arrêter après trois ans de consommation régulière, jusqu’à 20 grammes par jour et par personne en temps de fête, et autour des 5 grammes par jour au quotidien. On souhaite tous s’en sortir car ça nous détruit tous de l’intérieur et nous empêche d’avancer efficacement dans la vie, mais le vice est là, l’addiction et le manque sont plus que présents, et font que même quand tu décides de faire une pause ou d’essayer d’arrêter, c’est ultra compliqué. Du fait qu’on en a toujours autour de nous, que tout le monde consomme et que l’addiction prend très souvent le dessus sur la raison.
C’est triste d’en arriver là
Des amis ont essayé les cures, sans succès pour le moment. Moi le seul moyen que j’ai trouvé c’est de partir en saison pour travailler loin de tout ça. Mais même en étant loin, tu arrives bien souvent à trouver d’autres consommateurs car elle est partout, dans toutes les sphères sociales. Aujourd’hui, on doit toujours se battre contre ça, ça nous fait beaucoup de mal autant que de bien, et le travail est long et fastidieux pour réussir à s’en sortir. Et pour certains, le point de rupture sera sûrement un remplacement de la vessie, ou partir définitivement de notre groupe d’amis. C’est triste d’en arriver là, et c’est important d’informer tout le monde sur les dangers de cette drogue, elle est vicieuse, et l’addiction arrive sans s’en rendre compte. On ne l’appelle pas l’héroïne des jeunes pour rien. »