Torsion de la vision, flou
Mishal Ibrahim pour Unsplash

Témoignage | Un k-hole sans y être préparé

Publié le 19 mars 2025 par X

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Cet article parle de : #milieux-festifs #temoignage

Dans ce témoignage, X raconte sa première expérience avec la Kétamine. Merci pour ce partage !


Salut, je viens porter ma contribution à vos messages de prev et de RdR sur les usages, c’est chouette que les réseaux puissent servir à ça.

Nous sommes en 2009, Teknival du 1er mai. Je suis avec un petit groupe de connaissances, amis, et une nana avec qui on flirte tranquille (précision je suis un mec). Arrivés le vendredi soir, ça part en turbo cuite à la bière, pour se chauffer, avant d’attaquer dans le dur. Première nuit où on découvre le site, on danse, on consomme, on danse, on fait des rencontres… Habitué des teufs de l’époque et deuxième Teknival, je kiffe, on kiffe…

En mode « rando »

Arrive le samedi, très rapidement, on ne peut pas dormir bien évidemment et on n’en a pas envie. On continue la journée au rythme du son, des consos et des rencontres avec les autres autochtones, qui, comme nous, commencent à être bien satellisés. 
Bonne ambiance, on est en groupe, on est tous aguerris de ce type de rassemblement et des consos. 
Arrive le soir, la deuxième nuit, je suis pour ma part en mode « rando », je consomme un peu machinalement en cherchant à remonter, mais comme ça fait déjà plus de 24 heures, faut augmenter les doses. 
On passe des gros murs (les Nawak avec le bateau et les Shteken entre autres) à de plus petites installations, plus confidentielles, mais où la musique est bien plus à mon goût (moins hardcore gros marteau). 
Me laissant un peu divaguer, je passe derrière un son et me retrouve avec un mec, posé sur un gros canap devant une table basse. On discute, il est en train de tracer et de préparer. 
Rapidement il me dit « tiens c’est pour toi ». Je me retrouve face à une poutre de poudre, grossièrement écrasée… Je dis une poutre, parce que dans mes souvenirs, elle était vraiment épaisse, large et longue. C’est beaucoup plus imposant que ce que je fais habituellement…

Un effet bœuf
Je ne sais pas si c’est l’insouciance de la jeunesse, mon état ou mon inconscience, mais je me fais une paille et je prends sans même lui demander ce que c’est. Je devine dans le regard du type et à son sourire que je vais prendre une grosse pétée… Avant d’avoir réussi à la finir (je m’y prends à trois fois et j’en laisse…), je finis par lui demander ce que c’est. Il me répond que c’est de la ké, et a priori il en tape depuis un moment sur le Tekos….
Ne sachant pas trop à quoi m’attendre (hormis les légendes urbaines qui circulaient il y a 15 ans sur ce prod confidentiel à l’époque), je le remercie et retourne retrouver la bande devant le son.
Impeccable, ils sont juste là, ils me demandent où j’étais, ils commençaient à me chercher. Donc je leur raconte rapidos ma rencontre et ma prise et je vais danser…
Assez rapidement (10 minutes je dirais) je commence à ressentir un effet bœuf, torsion de la vision, effet chaloupé dans les jambes… Jusqu’à ce que bim, je sois au pic. Là j’ai la sensation que mes jambes se cassent l’une après l’autre et je me retrouve au sol (sans me faire mal, un peu comme si je me désarticulais). 
Je suis donc allongé par terre, pas loin du mur de son, et j’entrevois des visages et des ombres dans la brume qui viennent audessus de moi et me demandent ce qui se passe… 
La nana avec qui on est proches se met tout de suite en mode infirmière et me garde, en me caressant le visage, les cheveux, et en me parlant. 

k-hole sans y être préparé
Moi je suis en voyage intersidéral, je ne peux plus bouger et je laisse mon esprit divaguer… La dissociation arrive, la musique me remplit et je me vois danser devant le mur, ça a l’air top. 
Sans le savoir et sans y être préparé, je suis dans le k-hole, qui dure une bonne demi-heure a priori…
Je ne suis pas de nature angoissée, je n’ai jamais fait de bad aux psychotropes (L, champis) et je vis une expérience plutôt agréable, même si elle est arrivée de manière complètement saugrenue.
Fin du trip, je me relève, je remercie ma douce pour sa présence et rassure les autres potes qui m’ont vu partir devant leurs yeux. Je les remercie aussi d’avoir été là, de ne pas avoir paniqué, et d’être restés…
On poursuit la soirée et la deuxième nuit, connexion très forte avec ma gardienne de trip…

Jamais eu envie de réessayer
Cette expérience, avec le recul, a été une de mes plus intenses avec les prods. Mais elle est arrivée de manière très soudaine et très très forte, dans un cadre de multi consos.
Si je n’avais pas quitté le mec qui me l’a proposé, comment auraitil réagi, lui ? Si j’avais perdu mes potes, qu’auraitil pu se passer ?
Et surtout, si je n’avais pas eu avec moi des gens bienveillants, expérimentés, tout aurait pu m’arriver à ce momentlà (accident, piétinement, insuffisance respiratoire ou cardiaque). Pour ceux qui étaient avec moi et qui ont vu la scène, ils m’ont dit le lendemain que ça avait été impressionnant à voir, et un peu inquiétant.
Seule expérience pour moi avec la ké, mais du coup j’ai touché le bout de ce qu’on peut attendre avec ce prod, en termes de voyage. Peut-être que mes consos d’avant ont amplifié le truc ?
Trip très intense mais très solitaire, qui n’est pas du tout ce que je recherche quand je consomme occasionnellement. Je n’ai jamais eu envie de réessayer, pourtant j’ai eu l’occasion, malgré qu’on me dise qu’à petite dose, c’est pas du tout ça.

Faites attention à vous, à qui vous entoure, ne prenez pas sans savoir (ce qui a été mon cas), et ne mélangez pas trop (pas comme moi à ce moment-là). 
Se retrouver dans cette situation du k-hole, si on n’est pas prêt, je pense que ça peut être traumatisant, extrêmement angoissant et laisser des séquelles irréversibles…
Prenez soin de vous, faites la fête et amusezvous, bien entourés !

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