Kétamine
Synonymes : ké, k, K, kéta, ketamine, keta
Définition
La kétamine est un produit pharmaceutique développé dans les années 1960 destiné à l’anesthésie humaine. Depuis sa création, il a été largement détourné de son usage initial pour ses effets récréatifs fortement psychédéliques et dissociatifs.
Elle est classée sur la liste des médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la santé afin qu’elle soit facilement disponible partout et en quantité suffisante. Car la kétamine, avant d’être consommée par les psychonautes européens, est d’abord un anesthésique et analgesique foutrement efficace. Utilisable facilement sans monitoring avec une marge d’erreur confortable et un risque de surdose limité. En effet : son gros avantage est qu’elle ne ralentit ni le rythme cardiaque ni la tension artérielle ni la fonction respiratoire. Ainsi, les soignants peuvent procéder à des anesthésies générales en zone pauvre, de conflit ou de catastrophe naturelle avec un matériel limité.
En France et en Europe, elle est inscrite sur le registre des stupéfiants. De fait, la possession, l’usage, la cession et la revente sont interdits et des peines sont prévues pour les contrevenant.es.
La kétamine se sniffe. Elle ne s’ingère et ne se fume pas. Elle peut plus marginalement être injectée (voir notre campagne sur l’injection et ses risques associés, l’injection est le mode de consommation qui comporte le plus de risques). On peut donc faire des traces mais un usage spécifique existe : « faire des clefs ». Il s’agit de prélever une quantité de kétamine au bout d’un objet fin et long (une clef souvent) et de sniffer directement. C’est rapide, efficace et dangereux (aucune gestion objective des quantités consommées). Cette méthode augmente le risque d’accident de conso et de trop grosses perches.
Un puissant dissociatif
À cheval entre les dépresseurs et les hallucinogènes, la kétamine fait partie de ce qu’on appelle les « dissociatifs ». Ils agissent en ralentissant la transmission des informations dans le corps, en perturbant l’activité cérébrale et en donnant des hallucinations auditives, visuelles et sensorielles on peut expérimenter des sorties de corps.
À petite dose, on ressent un flottement, une euphorie, une coordination plus compliquée mais marrante, une sensation de marcher sur la lune avec une vision troublée.
À haute dose, on peut être pris de vomissements, sortir de son corps ou faire un gros délire psychédélique (le K-Hole) qui ressemble à un coma mais qui n’en est pas un (il se passe vraiment beaucoup de choses dans la tête à ce moment-là).
La question dosage est épineuse avec ce produit puisque l’accoutumance arrive vite et fort. Il n’est pas rare de devoir doubler la dose pour ressentir les mêmes effets. Les usagers et usagères réguliers peuvent en venir à se faire des traces énormissimes sans ressentir les effets des débuts.
« L’avantage » pour le consommateur, et c’est certainement à ça que tient sa popularité grandissante, c’est une apparente innocuité. Les effets apparaissent rapidement, durent une paire d’heures à peine et il n’y a quasiment pas de redescente. On aurait tôt fait de se dire que c’est la drogue idéale, surtout comparé aux ecstasies qui donnent soif et dont la descente peut laisser au fond du trou, ou bien la cocaïne qui coûte cher et donne maxi envie de boire de l’alcool. Seulement, les effets de la kétamine sur le corps sont pernicieux et prennent leur temps. Le foie prend méga cher, l’estomac, la vessie et les reins aussi. Et ce, sans qu’il y ait besoin d’avoir 10 ans de consommations derrière soi.
Quels risques ?
Au niveau des risques associés à cette drogue, il y a évidemment le risque de chutes et de blessures, comme la douleur est ralentie, il est possible de se blesser gravement sans avoir mal, voire d’aggraver une blessure. Attaque de panique, crise d’angoisse, épisodes délirants ou psychotiques sont aussi au programme. En cas de mélange avec d’autres substances ou des dépresseurs (alcool, codéine, GBL, opium, etc.), le risque d’arrêt cardiaque ou de dépression respiratoire est bien présent.
S’il n’y a pas de cas de dépendance physique au produit (pas de symptômes de manque, de syndrome de sevrage), la question de la dépendance psychologique est forte. Comme avec n’importe quel produit, celle-ci peut être puissante et nous ne sommes pas tous et toutes égaux face à ce phénomène ; des critères individuels héréditaires et sociétaux forment ce qu’on appelle les « facteurs de vulnérabilité ». L’offre de soins en addictologie (Csapa, Caarud, CJC, microstructures) peut permettre de répondre aux questionnements ou inquiétudes sur nos consommations.
Conseils :
Commence petit, et n’essaie pas de suivre tes potes. Une trop grosse dose peut te faire peur et te faire mal, surtout si tu as consommé d’autres produits à côté.
N’avale jamais la coulée, d’une part ça ne sert à rien mais surtout, ça provoquerait des agressions supplémentaires à ton estomac et ton appareil digestif.
Ne mélange pas la kétamine avec d’autres dépresseurs légaux (tramadol, Xanax®, benzodiazépines, alcool, etc.) ou illégaux (GHB/GBL, héroïne, opium, et autres RC/NPS).
Ne consomme pas trop souvent ni de grosses quantités et fais des pauses de consommation de plusieurs semaines.
De nos jours, on trouve de plus en plus de nouveaux produits de synthèse conçus pour imiter la kétamine et vendus en tant que telle. Alors que la kétamine est un produit régulé et grandement étudié depuis longtemps. Les nouveaux produits comme la DCK, la DXE, le 2–FDCK et les autres apportent avec leur nouveauté des risques mal connus et peuvent surprendre les usagers habituels de kétamine par leur dose-effets, leur effets (des hallucinations, par exemple, ou de grosses variations cardiaques) ou leur durée.