Test de Marquis

Synonymes : test colorimétrique,réactif de Marquis

Définition

Tester ses produits, c’est s’assurer de ce qu’ils contiennent. Pour éviter les surdoses, les mauvaises surprises ou ingérer des produits de coupe toxiques.

D’abord, pourquoi faire analyser ses produits ? Le principe de la réduction des risques (RdR) vise, en partie, à informer les usagers concernant leurs usages, leur mode de consommation et les risques liés aux produits qu’ils consomment. La loi de modernisation du système de santé adoptée en 2016 reconnaît aux intervenants (ça c’est nous) la mission d’analyse de produits.

Le fait de donner aux usagers la composition des produits qu’ils consomment permet de :

  • Placer l’usager comme acteur de son parcours ;
  • Faire support à l’échange avec la personne sur ce qu’elle a ou va consommer
  • Informer sur la nature du produit et les risques liés aux différents paramètres de sa consommation (mode, fréquence, contexte) ;
  • Promouvoir la santé en explorant les liens entre composition d’un produit, effets ressentis et impacts sur la santé ;
  • Entretenir les connaissances des intervenants sur les produits qui circulent et les usages sur leur territoire d’intervention.

En outre, en permettant le recueil d’informations et la collecte de données sur la composition des produits en circulation, et bien que ce ne soit pas son but premier, cet outil de RdR peut également venir enrichir et compléter les dispositifs d’analyse quantitative de la veille sanitaire.

Une identification « présomptive »

Le test colorimétrique est la première méthode utilisée pour l’analyse de produit. Datant de 1906, c’est en fait une réaction chimique : elle révèle la présence de certains types de molécules, mais pas leur quantité. On dit que ce test propose une identification « présomptive », c’est-à-dire « par avance » : on donne un a priori sur la présence de certains types de produits actifs (ou pas).

Alors, comment ça marche ? Le comprimé est gratté afin de prélever un peu de substance qui est recueillie dans une coupelle où un réactif est ensuite versé. C’est un mélange à base de formol et d’acide sulfurique, qu’on appelle le réactif de « Marquis », d’où son nom… Et là : magie ! la solution devient toute colorée !

L’interprétation se fait en fonction de la couleur obtenue, à l’œil nu :

  • Violet/noir : ecstasy (MDMA, MDEA, MDA) ;
  • Orange/rougeâtre : méthamphétamines ;
  • Vert/jaune : mescaline, 2C-B (Nexus) et autres dérivés ;
  • Rose/pourpre : opiacés.

Cette coloration ne permet pas de déterminer s’il existe d’autres produits actifs dans l’échantillon, comme la cocaïne par exemple.

Le gros avantage de ce test, c’est qu’il est très simple à réaliser, très rapide (une minute), peu coûteux, ne nécessite pas de matériel ou de formation trop spécifique et peut se pratiquer sur site : en festivals, free party clubs, etc.

Manque de précision

Par contre, le gros désavantage, c’est son manque de précision : la couleur obtenue est spécifique d’une classe de composés, en aucun cas d’une molécule en particulier. En plus, certaines classes de composés un peu trop proches peuvent donner une coloration similaire. Par exemple : la présence d’ecstasy (MDMA et dérivés) donne une coloration violette et une coloration orangée en présence d’amphétamines, mais d’autres molécules n’ayant rien à voir avec la classe des amphétamines peuvent également donner ces colorations. Il peut donc y avoir des mauvaises interprétations qui mènent à des prises de risques pour la personne qui va consommer le produit.

Depuis un décret du 25 avril 2005, les associations de réduction des risques n’ont plus le droit de pratiquer ces tests colorimétriques. On risque de vous surprendre, mais on est plutôt ok avec ça ! En fait, ces tests ne sont pas si faciles que ça à réaliser : il existe plusieurs types de révélateurs qui ne donnent pas les mêmes couleurs et résultats, et étant donné le risque important de mauvaises interprétations et le fait que ça ne soit pas quantitatif, on trouve que ce test ne présente pas grand intérêt. En tout cas, pour nous ! En gros, la pertinence du test de Marquis est aujourd’hui égale à celle d’un test qui permettrait de dire « oui, il y a du sucre dans ce verre de Coca-Cola ». D’autant que, connu depuis des décennies et accessible sur Internet, il y aura toujours des grossistes qui mettent un peu de la substance attendue dans leurs produits de mauvaise qualité afin de s’assurer de faire réagir positivement le test. Après, rien ne t’empêche de te procurer ce genre de tests (ils sont très faciles à trouver sur Internet) si tu as envie d’expérimenter et avoir une idée de ce qu’il y a dans les produits que tu consommes.

Mais si tu veux de la fiabilité, contacte une structure ou une association de réduction des risques autour de toi ! Ils réaliseront une analyse en HPLC, bien plus efficace et c’est anonyme et gratuit !