Protoxyde d’azote

Proto, c’est l’abréviation de protoxyde d’azote et c’est un produit de plus en plus consommé, surtout par les plus jeunes, notamment parce que c’est pas cher et très facile d’accès. Alors, quels sont les effets recherchés, les risques associés et comment les réduire ?

Le proto, c’est le gaz qu’on retrouve dans les capsules en métal pour les siphons à chantilly. On l’utilise depuis le XVIIIe siècle dans les foires pour ses propriétés hilarantes, d’où son surnom de « gaz hilarant ». Et depuis le XIXe siècle, pour ses effets anesthésiants : on le retrouve encore aujourd’hui dans nos hôpitaux.

On respire le gaz en le détendant dans un siphon ou un cracker et on récupère le gaz dans un ballon, qu’on va venir inhaler. La vente de proto est interdite aux mineurs depuis juin 2021. Cette mesure sera, on l’espère, plus efficace que celle interdisant l’alcool ou le tabac aux moins de 18 ans.

Ça fait quoi ? Bah ça fait rigoler… Les effets se font sentir très rapidement après le début de l’inhalation et s’estompent très rapidement, pour disparaître au bout de quelques minutes. On dit que ce produit est dissociatif : c’est-à-dire qu’en plus du méchant fou rire, il peut faire sentir des distorsions auditives et visuelles. Mais le proto a aussi des effets dépresseurs, c’est-à-dire qui ralentit le système respiratoire.

En gros, le gaz va venir remplacer l’oxygène dans les globules rouges, on va être tout engourdi et la dextérité et l’équilibre vont baisser.

Pas inoffensif pour autant

Quels sont les risques ? On ne va pas se mentir, le proto n’est pas si nocif comparé à l’alcool ou d’autres produits qu’on trouve en libre circulation. Mais il n’est pas inoffensif pour autant ! Ce qu’il faut comprendre, c’est que les dommages liés au proto sont moins dus aux produits lui-même, qu’à la façon qu’on a de le consommer/reprendre. Certaines personnes répètent l’inhalation d’un même ballon. En gros, on vide le ballon dans les poumons, puis on le re-remplit et on répète : on vide, on remplit, on vide, on remplit… Et là, c’est l’asphyxie ! Ce qui conduit au premier dommage : c’est de se casser la gueule ! Eh oui, comme ça ralentit le système respiratoire, on peut perdre l’équilibre et se viander la bouche contre le trottoir et ça… ça fait mal… surtout si on mélange proto+alcool (qui est aussi un dépresseur) : ça va accentuer la perte d’équilibre et la vigilance.

Un autre dommage qui revient souvent, c’est les brûlures. Le proto contenu dans une petite capsule en métal est très froid en sortant du détendeur. En remplissant le ballon, on risque de se brûler les mains. Et souvenez-vous bien de ne jamais respirer le gaz directement à la sortie du cracker. Vous risquez de vous brûler les poumons, la bouche, la gorge, la langue… bref, tout ce qu’on appelle la sphère ORL.

On dit souvent que le proto n’est pas un gaz inflammable. C’est vrai, mais pas tout à fait : dans les bombes et les capsules, il est souvent coupé avec d’autres gaz qui, eux, sont inflammables, comme l’oxygène par exemple.

D’autre part, on retrouve de plus en plus de grosses cartouches de proto. Il faut faire très attention et vraiment les éviter : ces grosses bouteilles sont normalement réservées à un usage industriel et peuvent contenir d’autres gaz qui peuvent être nocifs. Par sécurité, il vaut mieux éviter de fumer à côté, et pensez bien à aérer la pièce si vous êtes à l’intérieur.

Quand la consommation est régulière et massive (c’est-à-dire tous les week-ends ou tous les jours et en grande quantité), le proto peut provoquer des dommages neurologiques, des anémies et des atteintes à la moelle osseuse. Quelques conseils pour réduire les risques :

• Évite de répéter l’inhalation trop de fois sur le même ballon. Espace les prises et essaie de prendre un peu l’air.
• Attention aux chutes ! Évite de consommer debout, cale-toi bien confortablement avant de vider le ballon.
• Attention aux brûlures ! Ne respire jamais le gaz directement à la sortie du détendeur et attention les mains.
• Essaie d’espacer les soirées avec du proto, ça t’aidera à éviter les dommages neurologiques et d’anémie à long terme.
• Attention au mélange avec l’alcool.
• Les ballons, c’est comme les pailles : ça ne se partage pas !
• Jette tes **** de capsules à la poubelle !