Syndrome de Popeye
Synonymes : syndrome des mains gonflées, syndrome des gants de boxe, Puffy Hand Syndrome
Définition
Le « Syndrome de Popeye » est une complication qu’on retrouve chez les usagers de drogues injectables (UDI) faisant un usage détourné de la buprénorphine haut dosage (aussi appelé Subutex®. Il désigne un gonflement chronique et anormal des mains et des avant-bras, les faisant ressembler à ceux de Popeye (le marin accro aux épinards, oui). On parle parfois de syndrome « des mains gonflées » ou encore de « syndrome des gants de boxe ». Son appellation médicale est le « Puffy Hand Syndrome », observé pour la première fois aux États-Unis dans les années 1960 par le docteur Abeles, mais encore trop peu connu des usagers et des soignants.
La buprénorphine est un médicament orodispersible (qui fond au contact de la salive) à prendre par voie sublinguale (sous la langue), ce qui assure un passage rapide dans l’organisme. L’usage correct est donc de prendre les doses prescrites par un médecin avec qui vous avez pu parler de vos consommations. Elle peut cependant être détournée de son usage premier pour diverses raisons et être injectée en intraveineuse.
Néanmoins, étant une préparation pharmaceutique réglementée, son dosage en principe actif ne représente évidemment pas la totalité du poids du cachet. Un cachet de Subutex® peut contenir de 0,2 mg à 6 mg de principe actif. Le poids total d’un comprimé est évidemment différent de la concentration en actif, les produits que l’on ajoute pour améliorer le goût, la tenue, la conservation, pour conditionner la prise, etc., sont appelés des excipients. Des produits de coupe (en gros) inertes (souvent : du calcium, de l’amidon de maïs, des sucres, etc.). Lorsque l’on cherche à injecter le Subutex®, on transforme le produit en le diluant, puis on le filtre (comme on peut) pour l’injecter.
Selon plusieurs avis médicaux (et d’usagers), c’est l’étape de la filtration qui interviendrait dans l’apparition du syndrome de Popeye. Les excipients qui n’ont pas vocation à se trouver dans le système sanguin viendraient boucher les vaisseaux les plus petits, entraînant des œdèmes grossissants. Pour éviter les défauts de filtration, il convient d’utiliser du matériel adéquat et qualitatif (les Sterifilt ou encore les filtres toupie) disponible gratuitement dans les Caarud et les Csapa (ou encore sur le site Safe – la RdR à distance). D’autres hypothèses penchent pour un défaut d’asepsie (de désinfection des points d’injection).
Les œdèmes apparaissent d’abord lors des injections puis se résorbent, mais à la longue, ils tendent à persister. Sans être douloureux, ils donnent au bout de quelque temps un aspect bouffi et gonflé au dos des deux mains. Avec le temps et sans arrêt des injections, le gonflement peut atteindre les poignets ainsi que les avant-bras.
Le syndrome de Popeye est un désordre chronique (qui dure dans le temps) dont la rémission est longue et seulement partielle. On ne retrouve pas les mains que l’on avait avant. En plus de pouvoir être douloureux, les conséquences sont aussi psychologiques : avoir les bras aussi marqués peut provoquer l’auto-exclusion de l’usager.ère face à des non-consommateurs, pour éviter d’en affronter le regard. De nombreux patients se refusent à consulter par culpabilité ou angoisse du jugement.
Mais au fait, pourquoi des gens s’injectent un médicament pas prévu pour ? Eh bien, tout comme on parle parfois de l’addiction « au geste » en ce qui concerne la cigarette, il y a des personnes qui ont tellement sacralisé le rituel de consommation qu’il fait partie intégrante du souhait de sevrage, et se défaire psychologiquement du geste est tout aussi compliqué que de se défaire physiologiquement des signes du manque.