« Flight », un film américain de Robert Zemeckis sorti en 2012 (2h20).
Whip Whitaker est pilote de ligne dans l’aviation civile. Il est aussi porté sur la bouteille, consommateur de cocaïne et dans une situation familiale tendue. Un jour, l’avion qu’il pilote fait face à des problèmes techniques qui mettent KO les moteurs. Faisant preuve d’une audace et d’un sang-froid exceptionnels, il arrive à se poser en catastrophe au terme de manœuvres invraisemblables, malgré la panique générale à bord de l’appareil et celle de son copilote. Sur les 102 passagers et membres d’équipage ce jour-là, on compte 6 morts. Au vu des circonstances, il s’agit presque d’un miracle.
Pilote sous substances
D’abord acclamé tel un héros, il est rapidement confronté aux analyses toxicologiques, qui révèlent qu’il était sous influence de substances. Une aubaine pour les assurances de faire « payer » quelqu’un. Dans ce chassé-croisé juridique s’affrontent le constructeur de l’avion, la compagnie d’aviation et donc le pilote. On suit alors le laps de temps entre l’accident et le procès. Dans l’intervalle, Whip rencontre à l’hôpital une femme, Nicole, qui essaie de vaincre son addiction à l’héroïne.
Le film est vachement bien, honnêtement ! Et malgré un male-gaze significatif dans ses premières minutes, la présentation du personnage central est remarquable. L’efficacité de ce qui nous est montré permet de rencontrer le personnage rapidement, sans perdre de temps. Le film dure plus de deux heures, et malgré un ventre mou, il reste captivant. La scène de vol et celle de l’accident sont ultra prenantes, les images impressionnantes. On était vraiment dedans !
Du reste, les mécanismes qui se referment sur Whip sont connus de ceux qui bossent de près ou de loin dans l’addiction et sont plutôt fidèlement montrés. Culpabilité, colère, peine, rechute, raisonnement, résolution, échec, tristesse, tentation, etc., sans fin. En lisant des critiques çà et là sur Internet, on s’est rendu compte que beaucoup pointent le conservatisme du réalisateur alors qu’à nos yeux, il y a justement un travail de caractérisation assez subtil sans le levier classique « drogué = méchant ». L’acteur lui-même dit d’ailleurs dans une interview que le verdict final est beaucoup trop « gentil » au vu des risques encourus. Si vous l’avez vu, on veut bien votre avis !
Forcément coupable/responsable
Alors, est-ce qu’on y retrouve une démarche de réduction des risques ? Non, d’une part évidemment car les « bonnes pratiques de RdR » ne sont nullement appliquées mais aussi parce que piloter un véhicule sous l’emprise de l’alcool ou autre est une prise de risque déraisonnable inutile. Cependant, on a aimé la manière cinglante qu’a le film de nous rappeler que… Quoi que vous fassiez, si vous êtes sous l’emprise de produits (et encore plus s’ils sont illégaux), vous serez forcément jugé coupable/responsable. Alors même que l’enjeu n’est pas là, alors même que cette fois précise où vous vous serez fait choper, le produit n’était qu’une variable nulle de l’équation.
On peut d’ailleurs se poser la question, est-ce que le miracle aurait eu lieu s’il n’était pas sous emprise ? Est-ce le brin de folie, la surstimulation de dopamine ou de noradrénaline qui lui a permis de « jouer au héros », de « tenter l’impossible » et de ne pas se résigner à se crasher simplement ? C’est là où Zemeckis est malin dans son film, la question reste sans réponse et pointer son état dans l’accident lui a permis de lever un lièvre : ce qu’il tente en définitive, c’est d’arrêter de consommer.
https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Denzel-Washington-Pour-Flight-jai-du-me-mettre-a-poil
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_Air_Transat_236
https://www.allocine.fr/film/fichefilm-193101/secrets-tournage/
