Couverture du livre "Hell" écrit par Lolita PILLE édition Livre de poche + complétion IA générative adobe.
Couverture du livre "Hell" écrit par Lolita PILLE édition Livre de poche + complétion IA générative adobe.

Hell – Comédie humaine chez la bourgeoisie adolescente

Publié le 25 janvier 2023 par Lisa

/

Cet article parle de : #addiction #culture #fictions #livres

Hell est un livre français écrit par Lolita Pille, sorti en 2002 aux éditions Grasset. Il retrace l’histoire de Hell ou plutôt Ella, une jeune fille de 17 ans qui aligne les excès et les scandales comme les traces de coke qu’elle sniffe dans les toilettes des bars les plus selects de la capitale.

On est allé vers ce livre un peu par hasard, à la fois car on l’a vu traîner sur une étagère à portée de main et pour son mini format (moins de 150 pages), et aussi car à sa sortie il a été un vrai double phénomène. Succès retentissant chez les adulescentes et énorme torrent de merde de la part des vieux hommes du monde littéraire (quelle surprise). Avec une grande confusion entre la vie de l’autrice et le personnage éponyme du roman. C’est écrit à la première personne et ç’aura été une raison suffisante pour les requins de ce monde-là.

À la lumière de ce décalage culturel et de la distance qui sépare les deux époques, il y a quand même beaucoup plus intéressant à trouver dans ce court roman. Hell est le portrait d’une jeune femme qui va mal, qui s’ennuie et qui souffre de sa vie, alors même qu’aux yeux du monde, de ses proches et du lecteur, elle n’a rien qui justifie son ressenti.

À cela près qu’elle est de la classe plus que bourgeoise de la capitale à qui rien ne peut peut être refusé de manière « innée ». Si cette jeune femme avait eu un smartphone et TikTok, elle aurait sans doute été la cible d’attaques masculinistes nourries et répétées à chaque publication jugée trop délurée ou trop plastique. Le Hell 2023 serait sûrement encore bien plus dur avec la technologie qui permet aux harceleurs de suivre leurs victimes jusque chez elles, dans leurs poches.

« Pétasse détestable »

La jeune Hell valorise les possessions matérielles de luxe, passe sa vie en soirée, se sent incomprise de tous, se nourrit d’expériences limites qui ne la rendent pas forcément heureuse, joue une comédie humaine qui ne la comble pas et multiplie les risques (consos de drogues, relations sexuelles et conduite routière en première ligne). Elle se raconte des craques comme une adolescente pas tout à fait sortie de l’enfance et pas encore adulte prise au piège dans une situation familiale nauséabonde. 

Alors oui, dès les premières lignes, elle s’autoproclame « pétasse détestable » mais sans vouloir faire de misérabilisme ni de psychologie de comptoir : Hell est une jeune fille qui a besoin d’aide. De plus, ses critiques à l’égard de ses amis ou du système dans lequel elle prend place sont souvent pertinentes. Ou, au moins, pas de haine de ses semblables. La situation semble insoluble ou incompréhensible : ce n’est pas parce que c’est une pétasse bourgeoise qu’elle ne mérite pas de trouver quelqu’un qui l’écoute et la valorise.

Pétard, dans ce livre, les gens sniffent la coke un demi-gramme à la fois par volée de cinq traces pour un seul nez. Les expériences limites sont légion et aucun principe de réduction des risques n’est appliqué. Ni Hell du haut de ses 17 ans, ni ses collègues plus âgés ne font attention à ne pas s’échanger des miasmes. Et ça s’drogue et ça dégueule et ça pleure. 

On s’y drogue pour oublier plus que pour faire la fête et on se déteste à moitié les uns les autres. Il y a une certaine consanguinité dans le milieu et rien de bon ne se dégage de l’ensemble, tant les connaissances des uns entraînent les autres dans les consos et le drame à la faveur de leur humeur du moment ou d’un non-évènement. On insiste assez sur l’importance de l’entourage dans la mise en place et le maintien de l’addiction ? 

As-tu aimé cet article ?

Ceci pourrait aussi t'intéresser