Les lions endormis est une BD de Joana Balavoine et Sylvie Gaillard, illustrée par Fanny Montgermont, sortie en 2021 aux éditions Bamboo.
« Joana n’a jamais connu son père, Daniel Balavoine, décédé avant sa naissance. Alors, elle se cherche une identité et une légitimité. Tiraillée par une culpabilité inconsciente, elle trouve refuge dans la drogue qui lui donne l’illusion que tout va bien. La dégradation de son état physique est un électrochoc. Elle doit combattre cette emprise qui la dévore et lui dérobe une partie d’elle-même. Cependant la tâche s’avère plus compliquée que prévu, car la drogue est pugnace. On ne la quitte pas en un claquement de doigts. »
C’est touchant, comme le sont souvent les récits authentiques de personnes en proie à l’addiction. Encore une fois, on constate l’importance primordiale de l’entourage et du soutien des proches, qui font ici partie prenante du chemin de l’auteure. À l’inverse, on constate également à quel point le jugement et le rejet peuvent être dévastateurs. Le sentiment de culpabilité de l’auteure traverse toute l’œuvre, il y a vraiment une injonction morale prégnante dans sa vision de son parcours.
Lorsque le livre se termine, on peut être un peu surpris : elle semble s’en être sortie essentiellement grâce à un discours volontariste, auto-persuasif et auto-culpabilisateur, ce qui, de notre expérience, constitue rarement une stratégie gagnante. Finalement, en allant au bout de la lecture et en découvrant l’épilogue, on accède à une autre partie du récit, la suite de la BD, qui nous explique que le chemin a encore été long et parsemé de nouvelles étapes.
Vision très morale de l’usage de drogue
Cette BD nous livre la vision d’une personne qui a beaucoup souffert de son rapport à la drogue et qui s’est réellement mise en danger. Elle en tire, et on la comprend au vu de son vécu, une appréhension très morale de l’usage de drogue : aucun usage ne peut être acceptable, il faut se remettre dans le droit chemin, trouver la rédemption. On n’adhère pas forcément à ce regard, bien qu’on le respecte.
Alors, est-ce qu’on peut y observer une démarche de réduction des risques ? Oui et non. Ça l’est dans la mesure où l’auteure tente par tous les moyens de préserver sa santé (physique et mentale) et de réduire les conséquences négatives de sa consommation de cocaïne sur sa vie. Cependant, comme dit précédemment, le regard posé sur l’usage est sans nuance : tous les usages se valent et aucun n’est acceptable, le seul horizon présenté comme valable ne peut être que l’abstinence totale.