Mais vous êtes fous est un film français réalisé par Audrey Diwan, sorti en 2019, qui suit un couple qui fait face à la justice et à une problématique d’addiction.
Roman et Camille forment un couple moderne et amoureux autour de leurs deux petites filles Bianca et Lucie. Mais Roman cache un grave problème d’addiction à la cocaïne qu’il consomme quotidiennement depuis plusieurs années. Un jour, l’une de leurs filles fait une crise d’épilepsie grave et elle est sauvée in extremis. L’hôpital trouve des traces de cocaïne dans le sang de la fillette et avertit la police. Une enquête est ouverte et à la stupeur de Roman lui-même, on leur annonce que toute la famille est contaminée et depuis longtemps. Si c’est Roman qui est principalement soupçonné de les avoir volontairement empoisonnées, on retire immédiatement la garde des fillettes aux deux parents. Camille et Roman, tous deux dans le doute et l’incompréhension, restent cependant unis face à cette épreuve. Mais l’avocate annonce à Camille qu’elle a un espoir de récupérer ses filles seulement si elle se sépare de Roman, au moment où celui-ci, en pleine désintoxication et repentir, est déjà condamné et rejeté par sa belle-famille et ses amis.
Oh ! Une histoire d’addiction qui place son personnage principal dans une situation initiale de réussite ! Incroyable, faut dire que le cinéma nous a plus habitués à ce que usage de drogues = précarité extrême et drame ou jet set et excès. Ici, Roman est dentiste et a une petite famille aimante. Il vit son addiction dans son coin « en bonne intelligence », si on peut le dire comme ça, en tous cas, il ne subit pas des répercussions psycho-sociales dues à sa dépendance. Jusqu’à l’accident qui démarre l’intrigue du film.
Alors, est-ce qu’on y retrouve une démarche de réduction des risques ? Roman tape avec des billets (bouh, pas bien !). Mais il n’est pas délaissé par son amoureuse lorsque la situation dégénère, et même si c’est de loin (pression policière et sociale), elle l’encourage dans sa prise en charge.
Le « sevrage facile » n’existe pas
On regrettera qu’un film qui se veut réaliste et non sensationnel fasse l’impasse sur le parcours de sevrage de Roman. Alors qu’il existe des problématiques d’addiction à tire-larigot et que des structures travaillent sur l’ensemble du territoire, c’est vraiment un rendez-vous manqué de ne pas avoir montré Roman pousser la porte d’un Csapa, rencontrer des gens concernés et non jugeants qui l’accompagnent dans son souhait de se sevrer de la cocaïne.
D’autant que le film véhicule cette image du « sevrage facile » qui est évidemment une idée reçue. Rappelons aussi qu’il n’y a pas de traitement de substitution pour la cocaïne et que le sevrage est une période d’humeurs changeantes et compliquées que le film ne montre pas.
