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©️ Photo de Pete Godfrey pour Unsplash

Analyse de drogues à Marseille : Bilan 2024

Publié le 26 mai 2025 par Maxime

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Cet article parle de : #drogues-illegales #3-mmc #analyse-de-drogues-drugchecking #cathinones #cocaine #mdma

En 2024, l’équipe du Drug Lab n’a pas chômé : 1 064 échantillons sont passés dans le labo. Une augmentation de 240% par rapport à l’année précédente ! À l’heure de faire le bilan, quels faits marquants retenir ?

On vous le disait en introduction : 1 064 échantillons ont été analysés par l’équipe. Certains produits, de plus « grande consommation » que d’autres, sont logiquement revenus plus souvent. 5 produits se partagent 80% de l’activité analytique du laboratoire ! À titre indicatif, le podium des produits analysés se compose de la manière suivante (produits portés à l’analyse comme étant de)  :

  1. la cocaïne avec 305 échantillons. 
  2. la MDMA (poudre, cristal et ecstasy, 252 échantillons).
  3. la 3-MMC (98 échantillons).
  4. la kétamine (92 échantillons)
  5. le LSD (92 échantillons). 

Le reste (225 échantillons) étant composé de tous les autres produits qu’on retrouve moins souvent (héroïne, amphétamines, méthamphétamines, 2C-B, cathinones diverses, nouveaux produits de synthèse, et même des produits inconnus au moment de l’analyse).

 

Let’s talk about Coco

 Ce graphique montre le taux de la pureté de la cocaïne. La baisse de qualité, observée partout en Europe, peut s’expliquer par les saisies par exemple. En effet, sans changer le prix au gramme, les trafiquants peuvent, pour continuer à engranger des bénéfices, couper plus largement leurs produits et continuer à alimenter le marché.

La variabilité de pureté, et donc de produits de coupe, est facilement observable. Par produit de coupe, on entend des substances actives : souvent des médicaments ou d’autres drogues. Les coupes inertes (dénuées d’effets psychoactifs – par exemple le lactose, le calcium, etc.) ne sont pas détectées par la méthode du laboratoire. 9 échantillons ne contenaient pas de cocaïne, ceux-ci ont été sortis du compte qualitatif, la concentration moyenne en chlorhydrate de cocaïne s’élevant à 79%.

 

305 échantillons de cocaïne pour 6 produits de coupe.

  • 21% des échantillons analysés contiennent de la procaïne (anesthésiant local) ;
  • 13% contiennent de la phénacétine (analgesique retiré du marché car cancérogène) ;
  • 8% contiennent du lévamisole (antiparasitaire retiré du marché, on vous en parlait ici) ;
  • 8% contiennent de la caféine ;
  • 2% contiennent de la lidocaïne (anesthésiant local) ;
  • 2% contiennent du paracétamol.

Et… aucun échantillon ne contenait d’amphétamine ! De quoi faire taire la rumeur, tenace, de la coke coupée au speed

Le nombre d’échantillons de cocaïne a triplé ces quatres dernières années mais on observe un recul du lévamisole dans les échantillons (en 2021, il était présent dans 36% des échantillons collectés contre 17% en 2022, 14% en 2023 et seulement 8% l’année dernière). La part des anesthésiants locaux, elle, augmente drastiquement ! Passant de 3% en 2021 à 6% en 2022, puis 14% en 2023 pour atteindre 23% en 2024. Répéter ad nauseam qu’une bonne coke anesthésie les gencives a peut-être poussé les trafiquants à réaliser cette prophétie permettant de réaliser des bénéfices substantiels. 

 

Lumière sur l’ecstase…

💊 173 comprimés d’ecstasy (taz, tata, xtc) sont passés au labo en 2024 – c’est plus du double qu’en 2023. 92% d’entre eux contenaient uniquement de la MDMA, environ 6% contenaient de la MDMA + au moins une autre substance active, et enfin environ 2% ne contenaient pas de MDMA. 

🔮 Concernant la MDMA dite « cristal » en poudre ou en gélule, si l’on est passé de 47 à 74 échantillons analysés, les résultats sont similaires : 90% des échantillons ne contenaient que de la MDMA, 2% contenaient de la MDMA + au moins une autre substance active, environ 8% ne contenaient finalement pas du tout de MDMA. 

En moyenne en 2024, un comprimé d’ecstasy contient 180 mg de MDMA. 

Le comprimé ayant la plus grosse concentration était dosé à 338 mg. 

Une gélule contenait également 467 mg de MDMA, soit un demi-gramme (danger !).

La pilule la moins dosée affichait 29 mg de MDMA. 

Un quart des échantillons étaient dosés entre 29 et 147 mg de MDMA ; cela signifie que les trois quarts analysés au labo contenaient entre 147 et 338 mg.

À titre indicatif, pour ressentir des effets sans vivre de redescente trop éprouvante ni vivre une montée trop violente (à moindre risque donc), on est autour de 1,4 mg par kilogramme. Ainsi, un dosage à 80 mg pour une prise permet d’atteindre l’ivresse spécifique à la MDMA. Les habitué·es ayant une tolérance accrue ou aimant la grosse défonce peuvent se faire des para allant de 100 mg à 120 mg. Ce sont déjà des doses conséquentes qui présentent des risques. Puisque les trois quarts des comprimés dépassent allègrement ces dosages, on insistera fortement sur la nécessité de FRACTIONNER et boire de l’eau en espaçant les prises !

 

Et 1, et 2 et 3-MMC ?

Pour bien comprendre l’évolution du marché des cathinones, il faut se retourner sur 2024 mais aussi sur 2023. Les deux graphiques ci-dessous mettent en évidence la grande disparité entre les substances attendues et les résultats des analyses.

C’est ahurissant ! Alors que 77% des échantillons étaient menés à l’analyse comme étant de la 3-MMC, ce chiffre tombe à 17% après analyse. Il y a une véritable méconnaissance des produits. Cela peut s’expliquer par un bouche-à-oreille trompeur lors des reventes ou bien par la malhonnêteté des plateformes en ligne de NPS (France Inter en parlait dans son sujet sur les drogues de synthèse de novembre 2024, à l’occasion duquel les journalistes étaient venus rencontrer l’équipe du labo). 

Qu’en est-t-il des risques ? Malheureusement, en raison de la nouveauté de ces substances, les conséquences de leur consommation sont scientifiquement mal connues. Au niveau des usagers, en revanche, le savoir expérientiel s’accumule. Il faut des études encadrées pour comprendre si une molécule est cardiotoxique, neurotoxique ou toxique tout court. Néanmoins, ces différentes drogues peuvent avoir des durées d’action, d’intensité et d’effets physiologiques pour le moins surprenantes. Meureh nous en parlait dans cette vidéo. La vigilance est  donc de mise, il est important d’être à l’écoute de son corps et de ses limites. 

Bilan 2024 de 3-MMC collecté comme tel :
En 2024, parmi les échantillons déclarés comme étant de la 3-MMC, seulement 14 % contenaient effectivement du 3-MMC (seul ou en combinaison avec d’autres substances). À l’inverse, 86 % des échantillons analysés se sont révélés contenir une autre substance, indiquant une forte prévalence de falsifications ou de substitutions.

 

Les conseils de réductions des risques habituels sont toujours valables : 

  • Consommer avec modération
  • Ne pas consommer seul·e
  • Bien manger et dormir avant et après 
  • Boire de l’eau régulièrement pendant tout le soirée
  • Ne pas consommer trop régulièrement, faire des pauses
  • Se renseigner au maximum sur les produits consommés et leurs effets
  • Prévoir du temps de récupération après la session
  • Ne pas doubler la dose si les effets tardent à se faire sentir
  • Éviter les mélanges avec d’autres drogues (alcool et cannabis compris) et médicaments

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