La notion de plaisir n’est a priori pas simple à définir en neurobiologie. Pourtant, cette sensation a pu être abordée expérimentalement depuis les années 1950. Les recherches menées sur certains comportements ont permis d’établir l’existence, dans le cerveau, d’un « circuit de la récompense », et d’en caractériser le fonctionnement.
Le phénomène de la « récompense » qui en est à l’origine est indispensable à la survie, car il fournit la motivation nécessaire à la réalisation d’actions ou de comportements permettant la préservation de l’individu et l’espèce : prise de risque nécessaire à la survie, recherche de nourriture, reproduction, évitement des dangers, etc.
En 1954, deux Américains, Olds et Milner, ont mené une expérience devenue célèbre. Ils ont constaté que des rats, à qui des électrodes avaient été implantées dans certaines régions du cerveau, apprenaient à appuyer sans jamais s’arrêter sur une pédale délivrant un courant électrique à la pointe de l’électrode. Après l’apprentissage, les rats ne cessaient d’appuyer sur la pédale… jusqu’à en mourir ! La seule façon de les faire arrêter était de couper le circuit électrique. L’intensité du courant électrique étant très faible, ce n’était pas la stimulation électrique qui causait leur mort, mais le fait qu’ils arrêtaient de boire et de manger… Les chercheurs en ont déduit que la stimulation de certaines aires cérébrales entraînait une satisfaction si intense qu’elle faisait perdre toute sensation de faim et de soif. C’est ce qu’on appelle maladroitement la « dépendance physique ».
Les phénomènes de dépendances sont liés à un dérèglement de ce circuit de la récompense. Certains produits psychoactifs agissent directement sur ce système, comme les amphétamines, la cocaïne, le tabac et l’alcool (presque tous, en fait). Un dysfonctionnement du circuit de la récompense serait aussi à l’origine de troubles du comportement (alimentaire, affectif, etc.), ou de la dépendance dite « sans produits » : jeux d’argent, sexe, jeux vidéo, etc.
En gros, le système de la récompense décrit un réseau de connexions qui relient différents groupes de neurones, activés par des neurotransmetteurs. Le principal neurotransmetteur émis dans le circuit de la récompense est la dopamine, mais d’autres sont aussi présents : le Gaba, la noradrénaline, la sérotonine. D’où le surnom de la dopamine : « molécule du plaisir » !