On entend souvent que l’usage de la cocaïne s’est démocratisé, qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Et qu’est-ce que ça implique ?
Pendant qu’on répète à l’envi que « la drogue c’est de la merde », la cocaïne est devenue le second produit illégal le plus consommé en France. Alors qu’on associait volontiers la cocaïne au milieux bling–bling de la jet–set et des starlettes des années 80, la réalité des usages a bien changé et cette image poussiéreuse nuit aux prises en charge pragmatiques et réalistes.
Pour mieux saisir les enjeux, voici quelques chiffres issus du rapport « La cocaïne : un marché en essor, évolution et tendances en France (2000 – 2022) » de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives).
- Sur l’année 2022, c’est 27,7 tonnes de cocaïne qui ont été saisies. C’est 10 fois plus qu’en 2001.
- En 2021, il y a eu 20 198 séjours hospitaliers en lien avec une intoxication à la cocaïne. C’est 4 fois plus qu’en 2010 (4 832).
- En 2020, 5 907 demandes de traitement en dispositif spécialisé en addictologie concernaient principalement la cocaïne. C’est le double du total de l’année 2010.
- Le prix est constant depuis 10 ans, en revanche la qualité du produit augmente. La teneur moyenne en principe actif sur les échantillons saisis ou analysés est passée de 45,8% en 2011 à 72% en 2022.
- Le taux d’expérimentation à 17 ans a été très variable ces 20 dernières années. En 2022, il est retombé à 1,5% chez les garçons et 1,3% chez les filles. Soit en moyenne 2,2% des 17 ans, tous sexes confondus, qui ont expérimenté la cocaïne chaque année depuis l’an 2000.
À cela s’ajoute le fait qu’aujourd’hui, dans les grandes villes, il est de plus en plus facile d’obtenir de la cocaïne à domicile. Il est aussi plus simple d’acheter au détail un « demi gramme » ou encore « un 20 € », par exemple. Pour les usagers les plus précaires ou ceux qui fument le crack, il est aussi possible de trouver les galettes de crack déjà préparées à un prix dérisoire (et un craving maximum).
Bref, tout ça pour dire que les discours alarmistes ou stigmatisants sont contre–productifs et qu’il convient d’éduquer et de s’éduquer sur les risques réels provoqués par l’usage simple et par les usages problématiques.
D’autant que ce n’est pas la hausse de la production, le climat géopolitique ultra tendu ou encore la perspective du réchauffement climatique qui vont faire baisser les consos : bien au contraire. On sait que le mal–être est une des routes qui mène à la dépendance, et on le sait depuis longtemps.
Pour consulter le rapport complet, c’est ici que ça se passe : https://www.ofdt.fr/publications/collections/thema/la-cocaine-un-marche-en-essor-evolutions-et-tendances-en-france-thema/