Lorsqu’on consomme un produit, on oublie parfois que ses effets peuvent entrer en interaction avec ceux d’autres substances consommées au même moment. Ainsi, consommer de l’alcool et de la cocaïne de manière simultanée n’aura pas pour conséquence une simple addition des effets des deux substances. Une nouvelle substance va être produite, le cocaéthylène, qui va augmenter les risques liés à ces deux produits. Concrètement, qu’est-ce qui se passe dans notre corps à ce moment-là ?
Le cocaéthylène est une molécule métabolisée par le foie. Elle est issue de la consommation simultanée d’alcool et de cocaïne. Pour la faire simple, si de l’éthanol est présent pendant le métabolisme de la cocaïne, une partie de la cocaïne va récupérer une partie de la molécule d’éthanol plutôt que de subir une hydrolyse avec de l’eau.
On ne va pas se mentir, ce n’est pas un super bon cocktail ! Lorsque les deux substances sont consommées ensemble, trois composantes contribuent à faire augmenter les risques sur la santé : l’alcool, la cocaïne, et l’interaction des deux. Le cocaéthylène va stimuler encore plus les neurotransmetteurs monoamines, la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine dans le cerveau. Les propriétés stimulantes, euphorisantes et anorexigènes (ou coupes faim) sont décuplées.
On est tenté de se dire « Tant mieux ! Je serai plus défoncé•e ! », mais c’est sans compter le fait que le cocaéthylène s’attaque sévèrement au foie et augmente beaucoup le rythme cardiaque, augmentant au passage le risque de malaise. En plus, ce cocktail dans ton cerveau rend le « craving » (envie irrépressible de reconsommer) plus fort et augmente le caractère addictogène de la cocaïne.
Dans quel ordre ?
Il est intéressant de noter que ces effets dépendent de l’ordre dans lequel on consomme la cocaïne et l’alcool. La concentration sanguine de cocaïne est plus élevée quand l’alcool est consommé avant ou pendant l’absorption de la cocaïne. Lorsque la cocaïne est consommée 30 minutes avant l’alcool, sa concentration sanguine demeure équivalente à celle retrouvée lorsque la drogue est consommée seule. De plus, les signes de toxicité secondaires au mélange cocaïne-alcool ne sont pas amplifiés lorsque l’alcool est ingéré en deuxième.
Du coup, en inversant l’ordre d’administration, on peut éliminer l’effet rehausseur qu’a l’alcool sur la concentration sanguine en cocaïne. Ce qui aura pour effet de réduire les risques cardiaques et le « craving » inversement observé.