
Nous avons tous.tes entendu parler de la chloroquine, ce médicament antipaludéen était sur toutes les lèvres. Mais saviez-vous que ce n’était pas la première fois qu’elle faisait parler d’elle, et pour des raisons tout à fait surprenantes ? En effet, les savants marseillais ne sont pas les seuls à l’affectionner, les trafiquants aussi !
Pour rappel, les produits de « coupe », ou adultérants, sont utilisés (comme leur nom l’indique) pour couper la substance vendue. On s’en sert pour plusieurs raisons, la première étant économique. En utilisant un adultérant qui ressemble (visuellement ou en goût ou les deux) au produit qu’on va couper tout en étant moins cher, on s’assure une meilleure marge bénéficiaire. En augmentant le poids total mais en diminuant le taux de pureté, on maximise les profits.
Les adultérants actifs sont souvent utilisés pour imiter des effets attendus du produit (la caféine dans la cocaïne par exemple, pour l’effet stimulant) ou pour les effets secondaires qu’ils induisent (la phénacétine pour l’envie de re-consommer). Parmi ces produits de coupe actifs, on retrouve souvent des médicaments : faciles d’accès, en vente libre pour certains, remboursés par la Sécu, ils sont généralement bien moins onéreux que la substance annoncée. Mais les médicaments ont des posologies précises et peuvent endommager facilement le système hépatique (le foie), causer des allergies qui peuvent être graves, entraîner des effets secondaires spectaculaires (même si sur la notice il est écrit « fréquence rare »), avoir des interactions risquées et jouer avec tes neurotransmetteurs de manière dangereuse.
Dans toutes les narines !
Dans les années 2000, la qualité de la cocaïne du marché français était en baisse constante (ce que révèlent les analyses et les saisies de l’époque). Toujours moins pure = Toujours plus coupée ! On en a beaucoup parlé en 2020 pour les raisons que l’on sait (#SavantDeMarseille ) mais à l’époque, l’hydroxychloroquine, à défaut d’être sur toutes les lèvres, était dans toutes les narines ! Cette pratique a conduit à une augmentation de la demande de chloroquine sur le marché noir et a même entraîné une pénurie du médicament dans certaines régions du monde. L’antipaludéen Nivaquine® était choisi pour son goût amer, sa texture et sa couleur, les remous d’estomac qu’il provoque et son coût très faible. Ce n’était bien entendu pas le seul, mais c’est amusant de penser à lui aujourd’hui.
Cette molécule incroyable censée guérir toutes les maladies, faire briller l’argenterie, détartrer la cafetière, faire revenir l’être aimé, attirer la fortune et brûler la cellulite ! La dose mortelle à seulement 5 grammes et un bouquet d’effets indésirables et des interactions dangereuses avec de nombreux autres médicaments en faisaient quand même un produit à risque.
Aujourd’hui, c’est d’autres produits qui ont pris la première place. Certains mélanges sont si connus que des utilisateurs qui tombent une fois sur une cocaïne très pure peuvent être déçus des effets. Les plus connus sont la lidocaïne (anesthésiant local), la caféine (stimulant donc) et le lévamisole (antiparasitaire, pour les gargouillis d’estomac). Les retombées économiques sont exceptionnelles, vu le prix où ces produits sont dispos sur les sites pharmaceutiques, et les effets peuvent être assez différents du produit original.
Pour un bon délire, n’hésite pas à taper « cocaïne et chloroquine » dans Google pour tomber sur de nombreux faits divers à ce sujet, qui datent des années 2005 à 2009. Et surtout, garde en tête que la seule manière d’être sûr.e de ce que contient ton produit, c’est de le faire analyser !