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Photo de Coast Guard, U.S. and Puerto Rico law enforcement, Public Domain Dedication

Trafic : qui sont les mules ?

Publié le 2 janvier 2023 par Lisa

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Cet article parle de : #drogues-illegales #politique-des-drogues-drogues-illegales

Dans le dictionnaire, une mule est une hybride femelle de l’âne et de la jument. On dit « chargé•e comme une mule » pour parler de quelqu’un qui porte des poids au-delà de la normale. Ce mot est aussi utilisé dans le jargon du trafic de drogue pour désigner une personne qui fait passer personnellement et clandestinement de la marchandise à travers une frontière pour une organisation de contrebande (par opposition à l’envoi par la poste ou par conteneurs). 

Les trafiquants ne transportent jamais rien sur eux et emploient des mules pour réduire le risque de se faire prendre eux-mêmes. Certaines servent à détourner l’attention pendant que les plus expérimentés passent. Cette méthode de contrebande consiste à cacher la drogue dans des véhicules ou des objets, à les attacher à son corps ou à utiliser le corps lui-même comme conteneur. Dans ce dernier cas, la dissimulation s’opère en avalant ou en introduisant dans son rectum des dizaines d’« ovules » de drogues thermosoudés.

On compte d’autres sobriquets peu valorisants tels que « Kinder Surprise » ou encore « œufs de Pâques ». En France, c’est généralement de Guyane qu’embarquent vers l’Europe le plus grand nombre de mules. On compte quatre ou cinq mules par avion entre Cayenne et Orly ; les volumes transportés – environ un kilo par mule – représentent quelques dizaines de milliers d’euros et sont donc anecdotiques à l’échelle de l’ensemble du trafic. Mais la technique est redoutablement discrète et efficace.

L’un des plus bas échelons du trafic international

Pourquoi la Guyane ? Pas seulement pour sa situation géographique, proche des pays producteurs. Ce territoire français est aussi marqué par une forte augmentation des inégalités et par une pauvreté majeure qui touche particulièrement les populations autochtones, les jeunes et les femmes. Les passeurs sont donc souvent des passeuses (voire des enfants) et sont généralement issu•es des couches pauvres de la communauté des anciens esclaves qui tentent de survivre.

Outre le risque de se faire prendre par les douanes, les risques sur la santé sont majeurs : la perforation d’une capsule dans le système digestif peut être létale sans hospitalisation immédiate. Des prises de risques colossales pour une rémunération peu gratifiante (quelques milliers d’euros), les mules constituent l’un des échelons les plus bas du trafic international.

L’épidémie de Covid-19 et son cortège de mesures restrictives ont rebattu les cartes du transport et de la distribution de la cocaïne en France. Dorénavant, c’est davantage par les Antilles et le Maghreb que transitent les mules, d’autres territoires colonisés où les populations autochtones sont fortement précarisées.

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