Communiqué | « Nous sommes sérieusement inquiet·es de l’évolution de la gestion sécuritaire des free party »

Publié le 18 août 2025 par KEPS

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Cet article parle de : #milieux-festifs

Communiqué suite au TekSud 2025, par les associations de réduction des risques / VSSG (violences sexistes, sexuelles et de genre) et Tek’animals, présentes à l’événement TekSud 2025 en Lozère, du 10 au 15 juillet 2025.

Signataires: Korzéame, Redflag Riposte, Axess festif, EQTAS.E, Bus 31/32, La Kabane, Tek’animals.

Nous tenons d’abord à exprimer toutes nos condoléances aux proches de la personne décédée suite à un accident routier, survenu sur un chemin d’accès annexe au site. Nous adressons également tout notre soutien à la personne blessée lors du même accident. Il est profondément triste qu’une personne venue simplement faire la fête ne puisse pas rentrer chez elle en vie, saine et sauve.

Dès le début de l’événement, l’entrée sur site s’est faite dans des conditions déplorables. Dans la nuit de vendredi à samedi, des gaz lacrymogènes et des grenades de désencerclement ont été utilisés par les forces de l’ordre, en plein milieu du village et au cœur même des habitations.

Les pouvoirs publics ont fait le choix de verrouiller complètement l’accès au site, entravant au passage l’arrivée du reste de nos équipes. Un dispositif coercitif d’envergure a été mis en place, tant en moyens qu’en effectifs, avec pour objectif d’empêcher les festivalier·ère·s venu·e·s de toute l’Europe de rejoindre la fête. Une stratégie qui s’est révélée inefficace, puisque le nombre de participant·e·s est passé de 3 000 à 12 000.

Cette stratégie a, en revanche, eu pour effet de multiplier les risques : les personnes ont dû emprunter avec leurs véhicules des chemins inadaptés et accidentogènes, ou stationner spontanément loin du site, les obligeant à marcher sur de grands axes routiers ou couper à travers la forêt de nuit, abandonnant leur lieu de couchage et leurs affaires (eau, vêtements, nourriture, etc.). Cela a aussi multiplié les risques incendies en raison d’une plus grande superficie à surveiller, alors que les organisateur·ices avaient choisi un site en zone verte incendie.

De plus, nous tenons à dire notre désarroi face aux réponses institutionnelles quant à l’accès à l’eau. En effet, après quatre jours sur un site qui ne dispose pas de point d’eau, nous avons anticipé une éventuelle pénurie. Dans un contexte caniculaire, nous avons proposé de participer à un ravitaillement du site. Pour cela, nous comptions nous rendre à un point de remplissage de nos bidons, faisant un aller-retour avec l’un de nos véhicules. Cependant, il nous a été répondu que cela pourrait « envoyer un message incitant le public à rester plus longtemps sur le site ».

Ce discours de non-recevoir, à l’inverse des principes de la RdR, et les contraintes ubuesques imposées par les pouvoirs publics étaient tels qu’il nous a été impossible de réaliser ce réassort en eau.

Tout au long de cette intervention, nos équipes se sont attelées à maintenir un lien de confiance et de coopération avec les pouvoirs publics. Nous ne comprenons toujours pas comment, après des échanges cordiaux et une médiation avec le préfet de Lozère, ses collaborateur·ice·s et d’autres membres institutionnel·le·s – venu·e·s visiter notre dispositif de RdR sur site –, les événements aient pu dégénérer avec autant de brutalité.

En effet, la sortie du site de certain·e·s spectateur·ice·s, dans la nuit de lundi à mardi, s’est déroulée dans un climat délétère et brutal. Aussi, pour l’illustrer nous citons l’extrait d’un communiqué dénonçant des violences survenues :

​​« […] Alors qu’une file de véhicules tentait de sortir du site, celle-ci a été prise en embuscade sur un pont par un lourd dispositif policier. Sans sommation, les forces de l’ordre ont ouvert le feu. Le camion en tête a été ciblé : vitres brisées, gaz lacrymogène dans la cabine, alors qu’un chien s’y trouvait piégé. Les gendarmes étaient sans matricules, caméras éteintes.
Les conducteur·ice·s, sous pression, se dispersent. Sur un chemin isolé, un véhicule aménagé se retrouve seul, poursuivi par les gendarmes. Les vitres sont fracassées, l’aménagement intérieur méthodiquement détruit. Le conducteur est violemment extirpé, menotté, frappé.
Plus loin, à l’arrière, les véhicules et leurs occupant·e·s bloqué·s subissent le même sort. […]
Certaines femmes sont fouillées de manière humiliante, hors de tout cadre légal. Des personnes sont tenues en joue avec des armes à feu. Un canon est même pressé contre une tempe. […] »

Nous invitons toutes les personnes ayant subi une quelconque violence physique, psychologique ou administrative, à entrer en contact avec Tekno Anti Rép (temoignages.teksud.tar@protonmail.com)

Après ce TekSud, nous prenons la parole car les pouvoirs publics ne peuvent plus gérer ce type de rassemblement de cette manière. Nous sommes sérieusement inquiet·e·s  de l’évolution de la gestion sécuritaire de ce type d’évènement : le durcissement des dispositifs de répression et la montée en tension entraînent des risques accrus pour le public et pour nous, intervenant·e·s de RdR : qu’ils soient physiques, psychologiques, administratifs ou judiciaires.

Cela pose aussi de réelles questions quant au respect des droits humains, dans un contexte médiatique et politique de plus en plus stigmatisant envers le public des free-party, considérés comme ​​« des sauvages drogués et dangereux ».

Nous souhaitons remercier chaleureusement, au nom des 51 intervenant·e·s RdR, le public et toutes les personnes présentes sur le site qui, chacune, ont amené leur pierre à l’édifice.

Prenez soin de vous et des autres.

Restons solidaires, engagé·e·s et bienveillant·e·s.

PS : un chien c’est au camion, pas devant les caissons !

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