Les dents sont notre vitrine sociale, elles marquent visiblement les inégalités sur un spectre allant des difficultés d’accès au soin jusqu’à la sensibilisation à la prévention et à la bonne santé des dents.
L’usage de drogue (légale ou illégale) sur plusieurs années marque, sinon abîme les dents de manière systématique. Il est important de redoubler d’attention afin d’éviter les problèmes dentaires. Passons en revue les bonnes pratiques et les raisons pour lesquelles les drogues et la dentition s’associent mal.
Focus : cocaïne
La cocaïne à été utilisée dès 1880 en Occident en tant qu’anesthésiant afin de faciliter les soins dentaires. C’est à prendre en compte afin de comprendre pourquoi la cocaïne repousse de facto la prise en charge par un dentiste. Avec un usage régulier de cocaïne, on peut « masquer » les douleurs dentaires et ne commencer à les sentir que lorsqu’elles font « vraiment mal » et que probablement le problème de base s’est aggravé, alourdissant les soins nécessaires.
De plus, parmi les produits de coupe les plus fréquents retrouvés dans les les cocaïnes du marché aujourd’hui, on compte :
- des anesthésiants locaux (lidocaïne, tétracaïne) afin de renforcer l’effet « dents de lapin » qui est encore utilisé comme argument de vente, et vont endormir les sensations de toute la bouche.
- du lévamisole, un antiparasitaire retiré du marché en raison des troubles qu’il peut provoquer chez l’humain. Il vient se fixer sur les récepteurs dopaminergiques du cerveau en donnant un hit plus fort à la coke, mais entraîne aussi une diminution de l’immunité rendant l’organisme plus sensible, plus fragile aux bactéries germes et virus. Bactéries et germes qui sont à l’origine des caries, d’infections et d’abcès.
Ensuite, il est intéressant de remarquer que plusieurs des effets de la cocaïne (et des stimulants en général) s’assortissent mal avec des dents en bonne santé :
- Effet coupe–faim : l’alimentation a une importance capitale dans le bon fonctionnement de notre organisme. L’effet coupe–faim des stimulants et de la coke peut entraîner des périodes parfois longues durant lesquelles on ne mange rien (attention aux TCA d’ailleurs, on vous avait fait un article là–dessus), ce qui peut provoquer un état de faiblesse général. Evidemment les « trucs » sexy à manger en contexte festif sont plus souvent des crackers, des chips ou des bonbons qui traînent (et sont mauvais pour la santé des dents et la santé tout court).
- Effet réveil : tu as l’habitude de te brosser les dents au réveil et au coucher ? Soit, mais si tu passes le week–end sans dormir, comment tu te repères ? Est-ce que tu te balades avec ta brosse dans tes affaires ou est-ce que tu fais l’impasse ? Si tu as une consommation régulière, peut-être même quotidienne, comment tu gères ? Un brossage des dents consciencieux et régulier permet de lutter contre la plaque dentaire et le tartre qui abîme les gencives et crée un terrain propice à la prolifération des bactéries.
- Effet grincement de dents : le bruxisme, c’est le fait de serrer les dents. Des contractions anarchiques des muscles de la mâchoire auxquels nous ne sommes pas tous sensibles de la même manière. En contractant fort, à la longue, tu uses tes dents, tu abîmes l’émail. L’émail protège tes dents, la dentine des agressions extérieures (notamment les caries). Celles et ceux qui grincent des dents dans leur sommeil par exemple (sans drogues) ont recours à des gouttières pour éviter d’avoir les dents toutes limées à force de contracter la nuit. Plus tu bruxes, plus tu uses tes dents, plus tu uses tes dents, plus elles vieillissent et plus elles s’abîment. Plus elles s’abîment, plus il est important d’aller régulièrement consulter un dentiste.
- Effet soif : la coke déshydrate et donne soif, notamment d’alcool puisque l’effet stimulant masque les effets dépresseurs de l’alcool (on a l’impression de ne pas être bourré ou encore de mieux tenir l’alcool). Mais l’alcool déshydrate aussi et donne envie de faire pipi, ce qui déshydrate encore. Ça fait donc ALCOOL ALCOOL ALCOOL dans le cerveau, et on lève bien plus facilement le coude. L’alcool, c’est des sucres. Eh oui !
Pour plus d’informations sur les dentistes et la cocaïne, on vous conseille le très chouette article « Comment la cocaïne a-t-elle permis de professionnaliser le métier de dentiste ? », publié par France Culture avec l’éminente Zoe Dubus, historienne spécialisée dans l’usage des psychotropes en médecine.
Conseils et safe-use
- Utilise une brosse à dents à poil souples ;
- Utilise un dentifrice dont tu aimes le goût ou qui soit adapté à tes besoins (dents fragiles, gencives sensibles, blancheur, etc.) ;
- Brosse–toi les dents 2 fois par jour minimum (réveil/coucher ou encore après les repas du midi et du soir) pendant au moins 2 minutes ;
- Brosse–toi les dents avec la bouche fermée, ça permet d’atteindre plus facilement des endroits difficilement accessibles avec la bouche ouverte ;
- Mets une brosse à dents partout où tu risques d’en avoir besoin (au travail, dans ton casier, ton bureau, à la maison, dans ton sac à main ou à dos, etc.) ;
- Mets-toi une alarme aux heures de brossages que tu as décidées (et tiens-y toi) ;
- Consulte régulièrement un dentiste : mieux vaut un contrôle annuel qui « ne sert à rien » qu’un renouvellement des fondations douloureux et traumatisant tous les dix ans.
- Réfléchis à tes consos de drogues. Essaie de savoir ce qui te motive à consommer, ce que ça t’apporte et ce que ça te coûte. En dressant une balance « bénéfices/risques » et en suivant tes consommations avec un maximum d’objectivité, tu te connaîtras mieux et tu sauras si tu dépasse les repères de consommation que tu t’es fixés.
- Si tu te sens glisser vers un usage problématique, demande de l’aide. Csapa, Caarud, CJC, Drogues Info Service, psychologues, psychiatres, ou bien nous–mêmes, sont à disposition si tu en ressens le besoin.
Quoi qu’il en soit, nous ne naissons pas égaux en ce qui concerne le capital dentaire. Des facteurs héréditaires, génétiques et, plus globalement, nos habitudes de vie dès la naissance, conditionnent pour une part la santé de nos dents.
La culpabilisation des conso est AUSSI mauvaise pour vos dents !
Qui dit consommation de drogues dit souvent culpabilisation. Celle de la société, celle des proches, ou la sienne, après une session, d’avoir trop consommé ou consommé tout court. On aurait envie de se repentir en se brossant les dents plus vigoureusement qu’à l’accoutumée. Pour compenser les brossages qu’on aurait oubliés. C’est une grosse erreur : cela ne sert qu’à abîmer les gencives, se blesser et saigner de la bouche.
Si tu entretiens des plaies dans la bouche, tu augmentes le risque d’infections ou d’abcès. À trop blesser les gencives, tu augmentes les risques de gingivite ou de parodontite. Enfin, un brossage trop rare ou trop court augmente les risques de caries et d’accumulation de tartre.
Pour en savoir plus tu peux te rendre sur le site ameli.fr
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/abces-dentaire
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/carie-dentaire