
Aujourd’hui, X nous livre son témoignage sur son usage chronique de kétamine comme béquille pour soulager ses troubles psy. Puis les crises, les angoisses, la perte de contrôle. On est très touché.es, merci à toi.
Tw: Mention perte de poids, quantité de prod
J’ai 17 ans et j’ai commencé les prods avec un taz et demi au Nouvel An (en teuf) avec mon copain actuel. N‘étant pas habitué (et vraiment préparé) à la redescente (j’avais toujours simplement fumé des joints) j’ai passé une semaine assez dure.
À la fin du mois, je suis retourné en teuf et j’ai décidé de reprendre un taz, je n’en ai finalement pris qu’un quart ayant eu une montée compliquée (hallus, perte d’équilibre, sueur).
C’est en rentrant que l’idée de tester la K s’est vraiment installée dans ma tête.
Le mardi soir je tapais mon premier demi (et pas le dernier), j’ai ensuite passé dix jours à taper tous les soirs avant de faire une pause semi–forcée par mes parents d’un mois.
J’ai ensuite repris en teuf début mars, et je n’ai pas vraiment arrêté depuis.
J’explique tout ça comme une introduction pour comprendre la rapidité avec laquelle je suis tombé dedans. Étant une personne très anxieuse, dépressive et sujette aux hallucinations et à la dissociation depuis mon enfance, la kéta m’avait semblée un bon moyen sur le moment de m’échapper de mes problèmes en passant un bon moment, meilleur qu’avec les autres substances à mon goût.
En trois semaines, j’étais à bout physiquement et mentalement
En parallèle je me suis mis à tester le L, la C et le speed mais la K restait prioritaire jusqu’à fin juin/début juillet.
J’ai à nouveau fait environ un mois de pause de K mais je consommais chaque jour un stimulant (contrairement à la première fois où j’étais complètement sobre à part quelques verres/joints en soirée).
Après environ trois semaines, j’étais à bout physiquement et mentalement, mes émotions je les ressentais à nouveau ×1 000 (voir plus dû aux stimulants) et décidais de reprendre doucement la kéta.
C’est fin août après une astrale chez un pote que j’ai véritablement replongé.
Je me suis sentis si détendu, si loin de toutes angoisses, de ce monde effrayant.
Pendant deux semaines, j’ai consommé 1 g/jour, puis 2 g/jour.
J’ai compris à ce moment–là qu’il y avait un réel problème avec ma consommation.
Je suis parti à l’étranger dix jours (fin septembre) et ça m’a vraiment fait du bien d’être sobre de tout tant de temps (ce qui n’était pas arrivé depuis peut–être avril ou mai).
Mais en rentrant j’ai progressivement replongé jusqu’à atteindre ~10 g/semaine pendant trois semaines de suite.
Je n’avais jamais perdu le contact avec la réalité à ce point
Tout ça m’affectait énormément, j’ai perdu 15 kg depuis le début de l’été, j’ai eu ma première infection urinaire (dur de dire si elle était liée mais au vu de ma conso l’inverse serait étonnant) et pourtant, je continuais de consommer pour la « soulager » (ce qui l’a fait traîner pendant en tout deux semaines).
Mentalement je perdais tout lien avec la réalité, mes hallus étaient plus présentes, ma mémoire quasi partie, je passais des nuits entières à consommer sans dormir, me mettant à me parler à moi–même, voire m’imaginant blesser des gens pour me soulager.
Lors d’une de mes crises, j’étais persuadé d’être un des membres de la tuerie de Columbine (je ne suis pourtant pas tant renseigné que ça sur ce qu’il s’est passé mais c’était les mots qui tournaient en boucle dans ma tête), un couteau dans la main en écoutant Pumped Up Kicks, fixant l’extérieur par ma fenêtre ouverte.
Je n’en suis pas fier et c’est la première fois que je me confie sur cette crise en particulier mais si ça peut aider d’autres à se reconnaître et à ne pas se sentir seul•e, alors tant mieux.
Malgré mes problèmes psy préexistants, je sais que ce type de crise est nouveau, je n’avais jamais perdu le contact avec la réalité à ce point.
Je suis très loin d’en être sorti, au contraire, mais j’ai identifié le problème : mon manque de limites.
Pour ça, j’essaie de faire des pauses, une semaine par–ci, dix jours par–là, jusqu’à peut–être d’ici quelques mois être totalement sobre, je l’espère.
Le meilleur moyen de tenir ces pauses est, pour moi, de changer d’environnement, un endroit où je suis entouré mais où je ne peux pas consommer.
À chaque fois c’est dur, surtout les premiers jours, mais je sais que c’est ça qui me permet de retrouver un équilibre quelque temps, remanger, dormir, reprendre contact avec la réalité.